jeudi 5 mai 2011

L'été mouche

Guide de survie pour ado par temps de rupture amoureuse




Lui c'est il, mais elle, c'est Elle, avec une majuscule. On l'appellera donc L. Que les héros de l'histoire soient anonymes n'est pas un problème. Donc, alors que il revient de vacances gonflé de projets pour jouir de l'appartement parisien temporairement vidé des parents et de leur nichée de lapins restés au soleil, L annonce tout à trac à notre jeune apprenti ès lettres et futur brillant romancier fils de famille nombreuse que c'est fini : « je crois qu'il vaudrait mieux qu'on arrête de se voir ».

Le désordre savamment orchestré du récit, chapitres apparemment mal triés et brefs comme des coups de poing, phrases qui s'interrompent parce que les mots ou le souffle manquent pour écraser le chagrin, toute l'écriture de Bertrand Ferrier, qui fait souvent mouche, participe de ce choc initial qui met notre adolescent cul par-dessus tête. Les allers retours entre l'époque « avec » (L, bien sûr) et l'époque « sans » participent au travail de décryptage et de deuil de notre héros qui ne sait même plus comment se demander « où est-ce que j'ai foiré ? », ni bien sûr répondre à la question.

Mais ils nous donnent quelques clés. II est sans doute trop jeune pour L, d'ailleurs il n'a pas osé aller jusqu'au. Et puis de l'avoir placée sur un piédestal ne lui a peut-être pas permis d'entrevoir qui L était vraiment. Sûrement pas une invention solitaire ni un plaisir du même acabit. « Je ne suis pas celle que tu imagines » lui assène L. Ça va être dur de se faire re-aimer... Comment se consoler ? Peut-être en acceptant de revoir Linda, en toute déréliction, et puis en écrivant ou pas l'histoire d'un mec au pays des surgelés qu'on laissera mourir de froid. Bien fait pour lui, il n'avait qu'à pas. Ferrier, c'est fou.

L'été mouche - Bertrand Ferrier - Grasset jeunesse (182 pages, 8,80 €)

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