vendredi 13 septembre 2019

Ce qui fait battre nos coeurs


Voulez-vous être augmenté ? A cette question qui ne répondrait pas oui ? Sauf… sauf si l’on vous dit que cela va être au prix de l’implantation dans votre cerveau d’un petit composant électronique, rassurez-vous, c’est parfaitement indolore, d’ailleurs c’est bien connu, un cerveau n’a jamais mal… 

Avec son nouveau roman, Ce qui fait battre nos cœurs, Florence Hinckel nous transporte dans un futur suffisamment proche – 2030 – pour que rien de ce qu’elle imagine ne soit pour nous inimaginable. L’autrice nous convie, en compagnie de quatre adolescents, à un voyage long et mouvementé au cœur de l’utopie transhumaniste.

Noah est le fils de Franck Varan, patron tout-puissant de la société Organic qui, en cas de défaillance, fournit à toutes celles et tous ceux qui peuvent se les payer les pièces de rechange pour leur corps : foie, cœur, poumons, reins, vessie, utérus, etc. Organic détient le monopole des prothèses et des organes artificiels.

Leila est la jeune merveille qui a bénéficié de tant d’opérations que si elle est aujourd’hui célèbre et court avec sa mère les plateaux de télévision, c’est parce qu’elle est artificielle à 96 %. Seul son cerveau est resté d’origine. 

Esteban lui n’a pas encore été réparé, mais Sofia, sa petite sœur, a un cœur artificiel et c’est malheureusement un modèle bas de gamme, le seul remboursé par la Sécu, qui menace à tout moment de lâcher. Esteban n’a donc plus qu’une obsession : procurer un cœur neuf à sa sœur, le plus perfectionné qui soit. Mais comment faire quand on n’a pas l’argent pour ?

Maria, elle, a perdu un avant-bras – et ses parents – dans un accident de voiture. Du coup, elle s’est bricolé une prothèse, qu’elle n’a cessé de perfectionner au fur et à mesure de ses propres découvertes en biomécanique. Son bras est devenu surpuissant et Maria défie désormais une loi contre l’augmentation qui existe depuis cinq ans quand l’histoire commence. Recueillie par Mars, son oncle et tuteur qui l’a élevée, elle va avoir 18 ans…

Par quelles circonstances ces quatre adolescents vont se retrouver dans la même voiture, poursuivis par la police et traqués par les médias, pour le meilleur et pour le pire, c’est ce que Florence Hinckel nous raconte sur plus de 400 pages. Les deux garçons et les deux filles ont voulu se libérer de quelque chose, au seuil de l’âge adulte, et les voilà réduits à jouer chacun sa vérité à huis-clos, lancés à toute allure sur une autoroute qui ne les mène nulle part. Du moins à première vue.

L’autrice a conçu un récit à focalisations multiples. Nous adoptons tour à tour le point de vue d’Esteban, de Maria et de Leila. Jamais celui de Noah, le conducteur. C’est en quelque sorte le point aveugle du récit, le « fils de » qui est aussi l’inconnue, le X de ce roman que vous ne lâcherez pas avant d’avoir résolu son équation. 

Écouter cette chronique (extrait lu à 2:49) :



Ce qui fait battre nos cœurs – Florence Hinckel – Syros, 2019 (443 pages, 17,95 €)

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