lundi 16 septembre 2013

Un été dans l'Ouest


Comment devient-on un homme ?


Cet été dans l'Ouest est celui que le jeune Français de "L'étudiant étranger" passe dans les forêts du Colorado, après sa première année comme college boy à l'université de Virginie. Il doit y gagner de quoi pouvoir subsister pendant la seconde, dont les frais de scolarité viennent de lui être offerts in extremis par un généreux donateur, à la fin du roman précédent. 

Pour rejoindre le camp de travail, il a cinq mille kilomètres à parcourir, en auto-stop évidemment, et la "route", ce mythe bien américain, si riche, lui offre un avant-goût de l'aventure qui l'attend, âpre, parfois dangereuse, bien éloignée du confort douillet de sa vie étudiante. Il y rencontre l'âme américaine, prompte à se livrer entièrement à celui qui ne fait que passer. Il y croise Amy, la routarde musicienne, rare et courte parenthèse amoureuse dans cette histoire d'hommes. Au camp, il découvre le travail éprouvant et les hommes, justement, en apparence frustes, dans une organisation quasi-militaire, exigeante, qui ne tolère aucune faiblesse. De longues journées passées à arroser d'insecticide chaque arbre malade, à porter de lourds bidons, à manier les pulvérisateurs, vont transformer son corps mais aussi son mental. 

L'étudiant devient en quelques semaines un homme parmi les hommes, "a tough guy", apprenant à faire sa place avec ses propres armes, qu'il découvre chemin faisant. Il surmonte les épreuves de la vie collective, découvrant des solidarités inattendues qui l'aideront et le feront grandir aux moments décisifs. Le roman est aussi un hymne splendide à la forêt américaine, à laquelle Mack, le chef bourru du West Beaver Camp, va initier celui que tout le monde appelle désormais Frenchy. A la fin de l'été, quand le camp est dissous, alors qu'un drame vient d'éclairer violemment, sans le dissiper, le mystère entretenu de Bill, le colosse ami et effacé de notre college boy, celui-ci hésite : il vient pour la première fois de « gagner sa vie », il sait qu'il n'a pas volé les 900 $ qu'il empoche littéralement, les hommes qu'il a côtoyés vont reprendre la route pour d'autres chantiers aussi durs, précaires mais libres. L'envie de les suivre fait plus que l'effleurer. Que va-t-il décider ?

Ce récit, passionnant comme un roman d'aventures et dont on ne peut s'empêcher de tourner les pages, devrait figurer au rayon de toute bibliothèque pour la jeunesse. En tout cas, la « Blanche » de Gallimard ne doit pas, en l'occurrence, intimider les ados ni leurs parents.


Un été dans l'Ouest - Philippe Labro - Gallimard Folio (281 pages, 8,20 €)

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