vendredi 20 octobre 2017

Le bonheur est un déchet toxique



Nathan a quinze ans. Il lui semble qu’il vit avec son père depuis toujours. D’ailleurs il lui a dit : ta mère est morte quand tu étais tout petit. Sauf que là, c’est papa qui meurt. Son cancer lui aura donné un sursis de trois ans. Trois années pendant lesquelles Nathan a passé de longues heures à l’hôpital. Comme lui a dit son père : ton ADN, à 50 %, c’est moi. Est-ce cette foi transmise dans la  génétique ? Dans sa tête, Nathan continue à parler à son père, et son père lui répond.

La suite semblait toute tracée : Nathan allait vivre à Lyon chez tata Anne avec ses deux cousins, Mona et Mathis, les M&M’s complices de toutes les vacances depuis l’enfance. Sauf que coucou, l’autre moitié de l’ADN réapparaît. Finalement, maman n’était pas morte, c’était la dernière blagounette posthume de papa. Et maman a décidé qu’elle récupérait son ado après 14 ans d’absence. Ce plan imprévu ne ravit pas Nathan : une mère vegan inconnue, qui tient à l’appeler par son prénom entier Nathanaël et l’embarque dans un trou perdu, il va lui falloir du temps pour s’y faire.

Manu Causse nous raconte ce lent apprivoisement mutuel de deux animaux farouches que rien ne lie sinon le sang. Nat, Nathan, Nathanaël découvre ses grands-parents maternels, vieux paysans taiseux aux prises avec une agriculture au bord de la faillite et du désespoir. Doucement, pourtant, les charmes de la nature le pénètrent, comme ceux d’une certaine Zoé dont il tombe amoureux transi. Nathanaël se réenracine.

 Aussi, quand un projet de décharge de déchets toxiques s’apprête à bouleverser le paysage, quand les militants anti débarquent pour constituer une zone à défendre, Nathanaël va faire un nouvel apprentissage, dans les pas de Zoé, aux côtés de sa mère retrouvée. Entre manifestations bon enfant et charges des CRS, c’est à l’éveil d’une conscience politique que nous assistons, décillée face à la brutalité du monde.

Manu Causse confie à Nathanaël la narration directe de ses découvertes successives, des deuils de l’enfance au seuil de l’âge adulte, en passant par les premiers émois amoureux de l’adolescence.


Dans une courte postface, l’auteur nous dévoile, comme le font désormais beaucoup d’auteurs jeunesse, une partie de ses sources d’inspiration, puisées autant dans sa vie personnelle que dans l’actualité. 

Le bonheur est un déchet toxique – Manu Causse – Thierry Magnier (274 pages, 14,50 €

En podcast sur RCF Loiret (écoutez un extrait à 2:25) :

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