vendredi 3 novembre 2023

La maison sous la maison



À RCF, vous le savez, « la joie se partage » ! J’aime beaucoup la devise de notre radio et je crois qu’elle correspond assez bien à l’idée que je me fais de la littérature jeunesse : une joie partagée. Certes, la lecture pourrait être assimilée à un plaisir solitaire. Valéry Larbaud parlait même à son propos de « vice impuni ». C’est qu’elle donne accès à la part la plus profonde de mon moi, à ce for intérieur où les mots de l’écrivain se mêlent à mes expériences, renouvelant la palette de mes émotions, de mes sentiments, enrichissant mes connaissances, nourrissant même mon inconscient. La lecture nous prouve à chaque instant que la vie ne suffit pas et que d’autres mondes sont possibles. C’est pourquoi, après m’avoir soustrait quelques heures à mon environnement, elle me renvoie vers lui avec une perception renouvelée sur celles et ceux qui m’entourent, faite de désirs neufs mais aussi d’insatisfactions à surmonter. Et c’est là que peut se jouer le partage que vante notre station bien-aimée.

Oui, la littérature jeunesse a beaucoup de joies à partager et par les temps qui courent, ce n’est pas le moindre de ses bienfaits. Prenez le dernier roman d’Émilie Chazerand, intitulé La maison sous la maison. Son héroïne, prénommée Albertine, est une jeune diabétique qui va se voir attribuer dans sa douzième année  les clés d’un royaume magique qu’il lui sera donné d’entrevoir, de découvrir et qui deviendra le trésor imprenable de son cœur.

Mais revenons au commencement de l’histoire : Vera Janvier, qui élève seule ses trois enfants, Pierrot, 14 ans, Albertine, 12 ans et Barnabé, dit aussi Barnabébé, 2 ans est logée très à l’étroit. Le jour où son employeur lui signale qu’une « vieille dame donne sa maisons à la famille qui saura l’aimer, l’écouter et en prendre soin », elle est tentée mais elle hésite à prendre au sérieux une annonce aussi bizarrement rédigée, où, de surcroît, le mot maison est écrit au pluriel. Un échange au téléphone avec Fiammetta, la vieille dame en question, la convainc cependant de visiter la maisons avec ses enfants. Au cours de la visite, Fiammetta révèle discrètement à Albertine qu’elle a le même don qu’elle : non seulement elle parle aux plantes, mais celles-ci lui répondent. Comment Fiammetta était-elle au courant de ce don d’Albertine ?! Quoiqu’il en soit, Vera accepte l’offre de Fiammetta, et la petite famille s’installe dans la maisons.

L’histoire commence réellement quand Albertine découvre qu’un congélateur resté dans la cave donne accès, par une trappe, à un escalier qui s’enfonce sous la maison vers une autre maison… qui est habitée. Une jeune fille de son âge, prénommée Merle, apparaît dans l’escalier avant qu’elle n’ait eu le temps de dire ouf. Lorsqu’Albertine tente de la rejoindre la nuit suivante, sans rien dire à personne, elle tombe dans un piège gluant qui va l’entraîner à la découverte d’un Sous-monde ignoré du monde d’en-haut ! 

Émilie Chazerand nous introduit progressivement dans ce Sous-monde. Son héroïne s’est vue transmettre à son insu par Fiammetta la responsabilité que celle-ci exerçait jusqu’alors : être le « Grand Intermédiaire » entre les deux mondes. Et garder tout cela secret même aux yeux de sa famille. Mais en faisant ses premiers pas dans le Sous-monde sans avoir assimilé toutes ses règles, Albertine va en transgresser plusieurs et les ennuis – Oh là là ! - vont commencer pour elle, pour sa famille et pour les habitants du Sous-monde.

Émilie Chazerand nous conte une fable écologique. Les habitants du Sous-monde ont créé une harmonie nouvelle avec la nature et ceux qu’ils appellent les « amimaux ». Marion Arbona, l’illustratrice, s’en est donné à cœur joie pour traduire graphiquement les inventions de l’autrice. Mais en dépit des apparences, tout n’est pas rose dans le Sous-monde qui a lui aussi sa part obscure. Les trois enfants Janvier vont le découvrir à leurs dépens...

Pour écouter cette chronique ( extrait lu  04:04) :


La maison sous la maisonÉmilie Chazerand – Sarbacane – 2023 (383 pages, 16,90 €)

PS : D'Émilie Chazerand, on peut lire aussi le désopilant opus La fourmi rouge chroniqué dans ce blog.


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