Le résultat est une vraie réussite à la hauteur de
ce qu’annonce la quatrième de couverture : « jeune fille seule comme
un rat, affligée d’un physique monstrueux et d’une famille ennuyeuse,
certainement athée, probablement lesbienne, cherche jeune homme pour l’aimer à
la folie ». « Bourrée d’
complexes » comme la jeune femme chantée jadis par Boris Vian, Aurore
traverse ses deux dernières années de collège – elle se paye le luxe de
redoubler sa troisième - en proie à une crise d’adolescence qui se déploie dans
toutes les dimensions possibles : famille, études, amies effectives et
amours potentielles se dressent comme autant d’obstacles à surmonter. Les
difficultés imaginées ne sont pas moins rudes que les réelles, Aurore ayant une
grande capacité à se muer en emmerdeuse pathétique dès qu’elle fait un effort
de sociabilité. Coincée entre une petite sœur moche mais surdouée et sans
complexe, Sophie, et une grande, Jessica, déjà sur le marché infini de l’amour, Aurore se
débat avec sa vie. Elle peut heureusement compter sur des amies qu’elle n’a pas
réussi à décourager, Lola et Samira. Ses essais de garçons sont évidemment
calamiteux mais c’est surtout au sein de sa famille que les conflits s'aggravent, au point que ses grands-parents finissent par lui offrir l’asile
politique pendant tout un trimestre scolaire. Quelques expériences auxquelles
elle se résout la mort dans l’âme, comme un voyage scolaire en Angleterre, vont
lui accorder des satisfactions inespérées.
On attendra d’avoir lu le second
tome pour vérifier qu’Aurore finit par s’en sortir, ce dont l’humour tendre
et vache de Marie Desplechin ne nous permet pas de douter… Aurore est
vivante, Aurore est aimable, simplement, le lecteur s’en aperçoit avant elle,
comme si, ajouté à l'humour de l'autrice, le dessin d'Agnès Maupré nous donnait une longueur d’avance sur le monologue de vraie-fausse dépressive de notre héroïne.
Le journal d'Aurore - BD - Marie Desplechin et Agnès Maupré - Rue de Sèvres (139 pages - 15 €)
En podcast sur RCF Loiret (écoutez un extrait à 2:13) :
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