vendredi 11 janvier 2019

Kilian et le phantastische Konzert



Au début du mois de décembre, comme tous les ans à pareille époque, je parcourais les travées du Salon du livre et de la presse jeunesse, encore appelé Salon de Montreuil. Sur le stand de l’éditeur Syros, j’ai rencontré Stéphanie Benson qui présentait les livres d’une collection qu’elle a lancée, Tip Tongue, et dont elle a écrit elle-même quelques titres.

Ces livres proposent au lecteur un texte qui passe progressivement de la langue française à une langue étrangère, au choix l’anglais, l’espagnol ou l’allemand. Curieux, quoique sceptique, j’ai voulu tester un volume de cette collection. Etant un peu germanophone, j’ai acheté un des livres écrit par Christian Grenier, l’auteur pour la jeunesse bien connu pour ses quelques cent trente livres édités, dont le célèbre L’OrdinaTueur.

Kilian et le phantastische Konzert entraîne un jeune Français en Autriche où il part, gentiment poussé par ses parents et donc un peu à son corps défendant, chez une vague cousine qui vit à Vienne. Kilian est pianiste et il va retrouver Lara, qu’il n’avait pas vue depuis un certain temps et qui est devenue une belle jeune fille qui l’intimide un peu. En arrivant, il découvre que si Lara l’a invitée, c’est qu’elle s’est engagée dans un concours de musique. Elle est chanteuse et son accompagnateur lui ayant fait faux bond, elle a pensé que Kilian pourrait le remplacer. Sa mère vit dans la maison natale de Schubert, transformée en musée, dont elle est la gardienne. Kilian se retrouve donc hébergé dans un lieu fortement investi par les souvenirs du grand compositeur, qu’il admire. Cette admiration, et le charme que dégage Lara, vont lui faire rapidement oublier que sa cousine a instrumentalisé sa venue…

Christian Grenier remplit parfaitement le contrat. Ce type de livre, à visée pédagogique, linguistique en l’occurrence, court le risque d’être parfaitement ennuyeux. Or, l’auteur a su mettre en place une véritable intrigue en imaginant que les jeunes gens retrouvent le début d’une partition d’un Lied inconnu de Schubert. Il y a une sorte d’enquête menée par Lara et Kilian, dont on suit aussi l’évolution de la relation. Bref, on a envie de tourner les pages, de savoir la suite et chemin faisant, on engrange du vocabulaire et des expressions allemandes, sans même sans apercevoir, au fil de chapitres où la langue étrangère prend une place croissante. Au point que le dernier chapitre, rédigé entièrement en allemand, se lit très facilement, car tout le vocabulaire qu’il utilise a été entièrement assimilé grâce aux précédents. Bien sûr, ce livre n’est pas destiné à quelqu’un qui n’aurait aucune notion d’allemand. Le niveau requis est indiqué en quatrième de couverture, « A2 intermédiaire » en l’occurrence, qui renvoie à la classification européenne des niveaux de langue. Mais il m’a paru concilier de façon très efficace et agréable ses deux objectifs : proposer une vraie histoire qu’on ait envie de lire et faire progresser la compréhension d’une langue étrangère de façon assez naturelle. Il y a d’ores et déjà une trentaine de titres disponibles dans cette collection, qui sont complétés chacun par une version audio gratuite permettant de perfectionner sa prononciation.

Écouter cette chronique (extrait lu à 3:18) :


Kilian et le phantastische Konzert – Christian Grenier – Syros, collection Tip Tongue, dirigée par Stéphanie Benson – 2018 – (133 pages,  6,95 €)

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