vendredi 15 février 2019

Les filles


D'Agnès Rosenstiehl, beaucoup d'entre nous connaissent surtout Mimi Cracra, cette petite fille qui de 1975 à 2005 a sauté à pieds joints dans toutes les flaques que sa créatrice lui dessinait pour le mensuel Pomme d'Api. On se souvient notamment de Mimi Cracra fait des patouilles, qui éclaboussait ses jeunes lecteurs et lectrices. Avec Mimi Cracra, notre autrice-illustratrice rompait avec les petites filles sages et créait dans la LJ un type féminin actif et aventureux. Mimi Cracra, elle est comme ça, autre titre d'une longue collection, pourrait résumer la force fantaisiste avec laquelle cette jeune héroïne a imposé son caractère.

Agnès Rosenstiehl a raconté comment sa fascination pour l'antiquité égyptienne l'avait conduite à dessiner ses personnages de profil et à mêler dessin et texte.

Son oeuvre considérable, qui compte un millier de livres, ne se réduit pas aux aventures de Mimi Cracra. A ses débuts, dans les années 70, son court compagnonnage avec le mouvement féministe l'a amenée à dessiner quelques albums publiés par les Éditions des Femmes, fondées par Antoinette Foulque. De la coiffure, La naissance, Les filles, ont proposé de nouvelles représentations du féminin, des petites filles et de la place nouvelle qu'elles prenaient dans les jeux au côté des garçons.

Ces albums qui étaient devenus introuvables sont aujourd'hui réédités par un éditeur engagé, La ville brûle. Réédition, car à lire Les filles, on se demande si l'audace ingénue de son autrice aurait trouvé aujourd'hui preneur dans un monde de l'édition jeunesse parfois frileux et obligé de se garder de toutes sortes de ligues ou d'officines promptes à dégainer pétitions vertueuses et campagnes de dénigrement.

L'album Les filles commence en effet comme des jeux interdits entre une fille et un garçon, à cet âge où l'on se demande encore ce que l'autre moitié du monde a que l'on n'a pas et où cette curiosité commande quelques explorations mutuelles. "Moi, je suis une fille, tu connais ?"
La suite de l'album répond à la question "quand je serai grande", que le petit garçon a voulu rabattre sur un "tu feras comme ta mère" provocateur. La fille déploie alors en quelques pages toute la palette de ses jeunes ambitions qui, au final, semblent subjuguer le garçon. "Dis, et les garçons, raconte..." Mais ceci est une autre histoire.


Les filles - Agnès Rosenstiehl - La ville brûle (56 pages, 14 €)

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