Je vous ai déjà présenté dans mes chroniques du vendredi
trois livres qu’on peut ranger à des titres divers dans les rayons de la
science-fiction jeunesse française : La
maison des reflets, de Camille Brissot, New
Earth Project, de David Moitet et le premier volet de la trilogie annoncée
de C. Kueva, Les porteurs. Je vous
rappelle à cette occasion que vous pouvez retrouver ces chroniques sur le site internet
de RCF et les écouter ou les réécouter au moment choisi par vous.
Le livre du jour, intitulé Roslend, de Nathalie Somers, peut rejoindre la même étagère. Il
repose sur une thématique classique dans l’univers de la SF, celle des mondes
parallèles. Nous sommes à Londres, en septembre 1940, au moment où Hitler essaie
de faire plier les Anglais sous les bombes, lesquels Anglais, armés de leur
flegme légendaire et guidés par Winston Church, « keep calm and carry
on » au milieu des explosions et des incendies. Lucan, 14 ans, est un
grand costaud, joueur de hurling, ce « sport gaëlique qui se joue avec une
crosse en bois et une balle en cuir » nous précise une note de bas de
page. Il n’a qu’un désir : se faire passer pour plus vieux qu’il n’est et
s’engager dans la Royal Air Force pour défendre Londres en pilotant un Spitfire.
Orphelin, il est élevé par son grand-père, horloger de son état. Et il partage
beaucoup de moments de sa vie avec Catriona, un « garçon manqué » de
son immeuble, sa sœur de lait, jusqu’ici du moins, c’est-à-dire jusqu’à ce
moment où une fille devient une femme et où le garçon s’en aperçoit, avec un
petit temps de retard.
Arrive très vite le drame qui va lancer l’intrigue. Le
grand-père de Lucan est grièvement blessé lors d’un énième bombardement et il a
juste le temps, avant de mourir, de confier à son petit-fils un secret, qui est
enfermé dans une horloge de son atelier, une reproduction de Big Ben. Ce secret
fait basculer brutalement Lucan dans un monde parallèle, tellement parallèle à
celui des Britanniques qu’il est lui aussi en guerre et menacé de destruction
totale par un adversaire impitoyable. Dans cet Alter Monde, comme le nomme
l’auteure, coexistent plusieurs sociétés, antagonistes ou cachées. Le double de
Londres, c’est Roslend, la capitale. C’est là qu’apparaît brutalement Lucan,
qui est d’abord pris pour un espion étranger. Sans qu’il sache toujours s’il
rêve ou s’il a effectivement franchi la porte d’un autre royaume, Lucan va
multiplier les allers-retours entre Londres et Roslend. Des deux côtés, ce
pouvoir qu’il a hérité de son grand-père va apparaître comme la marque d’une
vertu salvifique détenue par le jeune homme, que chaque camp va vouloir
exploiter. A son corps défendant, Lucan va devenir une sorte d’élu sur lequel
repose le sort des deux mondes.
Dès l’ouverture de son livre, Nathalie Somers nous entraîne
dans l’Alter monde qu’elle a créé de toutes pièces, avant d’y plonger Lucan, et
le lecteur avec lui, dans un étonnement de tous les instants. Sous des
apparences féodales, moyenâgeuses, c’est à bien des égards une société beaucoup
plus avancée que le Londres des années 40. Les forces de l’esprit y ont
développé une science bien différente de la nôtre. Ainsi, les avions de guerre
sont d’énormes oiseaux d’élevage qui vont exaucer de façon inattendue les rêves
de pilote que nourrit Lucan quand il se trouve à Londres. L’auteure balade l’adolescent
dans ces deux univers et il va se retrouver propulsé au cœur d’enjeux
stratégiques, initié et acteur malgré lui de choses qui le dépassent.
Le roman s’ouvre dans l’Alter monde, au pays de Nelbri, le
rival en guerre. Altrïos, un espion de Roslend, est en difficulté...
En podcast sur RCF Loiret (écoutez un extrait à 3:49) :
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Roslend (tome 1) - Nathalie Somers - Didier Jeunesse (352 pages, 17 €)
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