Bientôt
l’été, les vacances. A ne voir que les beaux jours et la liberté retrouvée, on
pourrait oublier que pour beaucoup, c’est aussi le signal de la séparation.
Rendez-vous à la rentrée se dit-on comme pour en conjurer les effets redoutés.
« Deux
mois de vacances, pff, ça va être long » soupire d’ailleurs Simon en
regardant le selfie qu’il vient de faire avec son amie Louise, à la sortie du
collège. Max de Radiguès, scénariste et illustrateur de Simon & Louise a eu l’idée de nous faire passer ces deux mois
de séparation successivement en compagnie de Simon puis de Louise, dessinant
leurs étés parallèles sur 125 pages.
Simon est à
peine parti en vacances avec sa mère qu’il s’aperçoit soudain que Louise vient
de changer dans Facebook sa
« situation amoureuse », passant brutalement de « en
couple » à « célibataire ». Il se demande immédiatement ce que
cache ce revirement de Louise à son égard, essaie de la joindre, laisse des
messages mais n’obtient aucune explication satisfaisante. Sur un coup de tête, il décide de rejoindre son amie
à Montpellier, à 520 km de là, avec son sac à dos, un peu d’argent et son
portable. Il laisse à sa mère un petit mensonge plausible pour la rassurer. Dans
ce qui ressemble à une fugue, Simon va découvrir la route, l’auto-stop, ses aventures et ses dangers,
les rencontres bonnes et les mauvaises. Retrouvera-t-il Louise au terme de son
voyage ? En tout cas, en se perdant à plusieurs reprises, en inventant
quelques mensonges au gré des rencontres qu’il fait, lui qui s’est improvisé
petit routard, il va se trouver lui-même.
Pendant ce
temps, Louise est à la plage en compagnie de sa cousine Manon, une fille plus
entreprenante qu’elle, bien décidée à rencontrer « les beaux mecs de la plage »,
comme elle l’annonce à Louise avec la forfanterie de son âge. Sitôt dit, sitôt
fait. Manon, qui ne doute de rien, accoste Quentin, dans lequel Louise s’est
cogné peu avant sous l’eau, et son copain nommé Luca : on se retrouvera au
cinéma en plein air où tout le monde se rend en famille le soir même. Avant la
fin du film, garçons et filles s’éclipsent. Louise et Manon sont invitées à
rejoindre les deux copains qui squattent une cabane dans les arbres. Là, les
garçons se font plus entreprenants. Comment disait-on autrefois ? On
flirte. Mais Louise fait de la résistance. Quentin lui plait, mais elle a
toujours Simon en tête et finalement, elle n’a pas très envie de se faire
peloter à la sauvette. Elle casse, comme on dit, et manque aussi de se casser du
haut de l’arbre. Les jours suivants, ils vont quand même se revoir, car les
quatre ados n’ont pas grand-chose de mieux à faire. Louise fait aussi
connaissance avec Arthur, un garçon en apparence plus timide qui s’accroche à
leur petit groupe bien qu’il soit un peu le souffre-douleur de Quentin et Luca.
Louise va découvrir le secret d’Arthur et jouer un bon tour aux deux autres
garçons.
Max de
Radiguès nous promène dans ces vacances parallèles de Simon et Louise en prenant son temps. Pour
cela, il l’étire, puisque si l’on s’en tient à l’action qu’il décrit, ce sont
deux jours et une nuit qu’il nous raconte. Ses images nous entraînent dans les
rêves et les émois des deux adolescents, les suggèrent d’un trait clair aussi
économe qu’expressif. Il y a des cases, des planches entières, sans paroles ou
presque, où se lisent les élans et les peurs silencieux, les envies et les
réticences des deux collégiens à l’épreuve de leurs libertés naissantes,
conquises. Pour Simon qui traverse une partie de la France c’est le vert d’une
campagne vallonnée qui domine, jusqu’à ce qu’il parvienne à Montpellier. L’été
en apnée de Louise alterne la plage, la plongée sous-marine et les virées
nocturnes plus ou moins sous contrôle des parents.
Comme chacun
sait, les parallèles pourraient finir par se rejoindre. Max de Radiguès nous
montre Simon errant dans Montpellier où il est enfin arrivé. Il commence par
s’en remettre au hasard des rues pour retrouver Louise. Mais quand il va tomber
sur son amie, il va aussi tomber sur un os. Notre auteur refilme en quelque
sorte la même situation au même moment et au même endroit, vue du point de vue
de Louise cette fois. Les deux amis vont-ils se revoir ou devront-ils attendre
la rentrée des classes ? Et en auront-ils encore envie après avoir grandi
séparément tout l’été ?
Simon & Louise (BD) - Max de Radiguès - Sarbacane (125 pages, 18,50 €)
En podcast sur RCF Loiret :
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