Le droit au chagrin
Juliette est une petite personne rationnelle et obstinée qui ne veut pas se contenter des masques et des silences qui l'entourent du jour où son père devient subitement invisible. Sa mère, son frère Arthur, sa tante Sucette, submergés par leur propre chagrin, refusent de répondre à ses pourquoi et à ses comment, comme si regarder en face ces deux questions était devenu impossible. Les mots manquent pour des choses qu'il s'agit juste de désigner afin d'entrer dans la vérité d'une disparition.
Juliette ne demande qu'à voir pour croire. Elle n'en démordra pas. Autour d'elle, grâce à elle, le monde fragile des adultes renonce progressivement aux chuchotements, aux airs mystérieux et aux mensonges déguisés. A chaque jour suffit sa peine à dire et c'est finalement Juliette qui va conduire jusqu'au bout le deuil des siens, « pour montrer qu'elle vogue tranquillement sur la mer », elle aussi.
Isabelle Rossignol ne lâche pas la main de cette petite fille qui l'entraîne et, avec elle, nous fait traverser délicatement cette passe dangereuse où un enfant découvre qu'il doit la vie et l'amour à quelqu'un qui n'en a plus voulu et a choisi la mort.
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