vendredi 12 janvier 2018

Ni lire, ni écrire !

Mon papa ne sait pas lire ?!



Le monde de l’édition pour la jeunesse française est très riche, même si ses autrices et auteurs sont loin de l’être tous. A côté des poids lourds du secteur, une multitude de petits éditeurs cherchent et trouvent leur place auprès des auteur·e·s et, plus péniblement, sur les tables surencombrées des libraires. Kilowatt est un de ceux-là, aux côtés par exemple du Muscadier. Ces éditeurs proposent fréquemment à leurs lecteurs une littérature engagée. D’aucuns pourraient, à juste titre parfois, redouter de voir paraître, sous cette appellation, des livres dégoulinants de bons sentiments et d’intentions politiques naïves, où l’ambition littéraire serait sacrifiée à quelque message à transmettre à la jeunesse.

Les livres d’Yves-Marie Clément échappent, me semble-t-il, à cet écueil, combinant style, lisibilité et cette forme d’engagement qui ne trompe pas quand il est aussi, hors écriture, celui d’une vie. Ainsi, Kilowatt, l’éditeur mentionné, a publié récemment Ni lire, ni écrire, un petit récit de 41 pages, lisible à partir de 7/8 ans, annonce la 4ème de couverture.

Zoé vient tout juste d’apprendre à lire quand elle s’aperçoit d’une chose  étonnante que son papa avait réussi à lui cacher jusqu’ici : il ne sait ni lire, ni écrire, d’où le titre du livre, qui n’est pas une revendication, mais le constat d’un fait social bien réel.

Dans notre pays, on estime que 5 % de la population ayant été scolarisée en langue française, en France ou à l’étranger, est illettrée. Dans les études sur le sujet, l’analphabète est celui qui n’a jamais appris à lire ni à écrire, cas rarissime chez nous, alors que l’illettré est celui qui a appris, souvent mal, et qui a « oublié », la plupart du temps à la suite d’un parcours de vie difficile qui a pesé d’abord sur sa scolarité. De ce fait, il éprouve des difficultés à lire, qu’il vit comme insurmontables, et dans la gêne et la honte quand, arrivé à l’âge adulte, il n’arrive plus à masquer son handicap.

Zoé se fiche évidemment des statistiques. La révélation, dans les circonstances que l’on va voir, que son super papa à elle ne sait pas lire, la submerge d’une émotion incontrôlable. Cela lui semble à peine possible et à peine croyable. Comment s’en sortir ? On ne racontera pas ici comment Yves-Marie Clément dénoue la chose. Son récit se joue à deux voix alternées, celle de Zoé et celle de Cédric, le papa, mis en quelque sorte au pied du mur par le cheminement scolaire de sa fille.


Et c’est dans une librairie où Zoé traîne son papa, très réticent, que le mur va se présenter… (extrait lu à 2:55)



Ni lire, ni écrire ! - Yves-Marie Clément - Kilowatt éditions (48 pages, 7,30 €)

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