vendredi 2 juillet 2021

L'ange obscur

 


Je ne sais pas vous, mais pour moi, l’été, c’est le temps des polars qu’on lit dans le train, entre une sieste et une baignade ou pendant les longs trajets monotones sur autoroute, si on a la chance d’avoir un conducteur ou une conductrice à bord. C’est pourquoi j’ai choisi de vous en présenter un pour cette dernière chronique de la saison 2020-2021, un roman que les ados accepteront sûrement de prêter à leurs parents après l’avoir dévoré.

Avec L’ange obscur, les éditions Syros viennent  en effet de nous offrir un deuxième policier de Danielle Thiéry. J’attendais la suite de Cannibale, de la même autrice, paru l’an dernier, qui, vous vous en souvenez peut-être, avait laissé en suspens le destin criminel d’une certaine Roxane. Celui-ci est réglé provisoirement en deux lignes dans le corps de cette nouvelle histoire : elle a été arrêtée avec son père et tous les deux sont incarcérés à la prison de Fleury-Mérogis. Le capitaine Marin et sa fille Olympe pourraient donc souffler un peu mais ils vont repartir dans une autre aventure dont ils se seraient bien passés. Mais pas nous : les lecteurs de polars sont de grands égoïstes.

Quand Olympe apprend qu’une équipe de tournage vient de débarquer à Épinal et recherche des figurants, elle n’hésite pas une seconde. Elle veut profiter à tout prix de cette opportunité et se présente avec son amie Salomé à l’hôtel où a lieu le casting. Anticipant un refus de son père, elle a choisi de se passer de l’autorisation de ses parents et donc de mentir sur son nom – elle emprunte le nom de sa mère – et sur son âge car en cette année du bac, elle est encore mineure.

La voilà retenue et mieux encore : pour une raison qu’elle ignore, elle va être sélectionnée par Gala Anton, l’assistante de production, pour jouer un des rôles principaux et donner la réplique à de vrais acteurs. D’autant plus vrais que dans le rôle titre, le producteur a engagé le principal protagoniste d’un fait divers tragique qui s’est déroulé dix ans auparavant et dont s’inspire étroitement le scénario. Vince de Mestre, c’est lui « l’ange obscur » qui vient de passer dix ans en prison pour un crime qu’il nie toujours avoir commis. Comme il est proche de la sortie, le juge d’application des peines a autorisé sa participation, dûment encadrée, au tournage du film. Quand Olympe commence à travailler avec lui les premières scènes, elle tombe amoureuse sans même s’en rendre compte de ce mauvais garçon à la gueule d’ange.

Mais voilà qu’un soir Vince s’évanouit dans la nature, alors que le jeune homme aurait dû réintégrer sa cellule en fin de journée. L’alerte est rapidement donnée et l’inquiétude croît quand on s’aperçoit qu’Olympe a disparu elle aussi. Vince va-t-il répéter le crime qu’il a commis, sur Olympe qui ressemble tant à sa première victime ? Ou bien alors Olympe amoureuse est-elle complice de sa fuite ? Le tournage est stoppé net et se transforme en thriller. 

Danielle Thiéry fait revivre l’effervescence et les aléas du cinéma en train de se faire avant de nous faire basculer dans une traque haletante contre un adversaire qui n’est peut-être pas celui qu’on croit. Comme dans toutes les disparitions, le temps est compté, en heures qui s’étirent puis en jours qui s’allongent. L’enquête se déploie dans toutes les directions possibles : le capitaine Anthony Marin ne néglige aucune piste et ne dormira pas avant d’avoir retrouvé sa fille.

L’ange obscur – Danielle Thiéry – Syros – 2021 (473 pages, 17,95 €)


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