Avez-vous remarqué cette floraison inhabituelle de calendriers de l’Avent ? Tapez « calendrier de l’Avent » dans un moteur de recherche, vous serez édifiés. L’Avent, période d’attente et d’espérance chrétiennes, fait l’objet d’une récupération tous azimuts. On savait déjà depuis longtemps que Noël était devenu une simple fête commerciale pour beaucoup de nos contemporains. Mais la période liturgique est vraiment mise à toutes les sauces, au point même qu’une grande enseigne de sextoys et autres accessoires coquins s’est payé cette année une campagne d’affichage dans le métro parisien sur le thème, tenez-vous bien : « 24 jours de plaisir avec le calendrier de l’Avent destiné aux adultes ». On n’a pas entendu les mêmes protestations qu’une affiche d’un concert des Prêtres au profit des chrétiens d’Orient avait suscitées dans ce même métro au printemps 2015. Faut-il penser que laïcité rime avec lubricité ?
L’éditeur de livres jeunesse Auzou a eu lui aussi son idée de calendrier de l’Avent, beaucoup plus sage évidemment. Bon, il est un peu tard pour que je vous en parle, mais j’ai déniché sur son stand, toujours au salon de Montreuil dont je vous parlais la semaine dernière, un roman pour les plus jeunes, écrit par Natacha Godeau et qui s’intitule Le renne mystérieux. Quel rapport avec le calendrier de l’Avent, allez-vous me demander ?
Eh bien figurez-vous que ce livre, illustré par Tristan Gion, est divisé en 24 chapitres, comme un calendrier de l’Avent. Oui, et alors ? Alors, et c’est l’idée amusante, chacun de ses chapitres de 8 pages illustrées est scellé, en quelque sorte, comme la petite porte d’un calendrier. Ou si vous préférez comme les pages des livres d’autrefois qu’on ne pouvait lire sans s’être muni au préalable d’un coupe-papier. Dans l’idée donc, votre gamin va lire tous les jours cinq ou six pages de l’histoire et attendre sagement le lendemain pour savoir la suite. Si c’est un bon lecteur, vous risquez de devoir lui confisquer le livre tous les soirs de peur qu’armé de son double décimètre, il n’en ait lu le dernier mot dès le 2 décembre. Un peu comme un enfant trop gourmand qui aurait boulotté tous les chocolats de son calendrier en deux jours.
Car Natacha Godeau a pris soin de rédiger chaque chapitre en donnant envie à la fin de savoir la suite. Comme dans une BD où la dernière case en bas à droite vous fait tourner la page. Evidemment, pour faire cette chronique, j’ai honteusement triché et j’ai lu tous les chapitres à la suite, réutilisant avec délices un coupe-papier qu’on m’a offert il y a quelque quarante ans et dont je n’avais guère usé, sauf à tomber de temps à autre sur un vieux livre non coupé dans la bibliothèque de feu mon beau-père.
Et l’histoire me direz-vous ? C’est celle d’Elliot dont les parents ont un élevage de rennes, et de Flore, une cousine qui vient le rejoindre pour passer ses vacances à la neige avec lui. Ils découvrent dans l’enclos un renne inconnu, blessé, venu d’on ne sait où, et qui a des propriétés étranges. Il lui arrive de briller, ce qui lui vaut son surnom, Diamant, et même de léviter. Mais Elliott n’est pas sûr d’avoir vu ce qu’il a vu. Il voudrait bien en convaincre sa cousine. Et au village, il y a un vieux monsieur à barbe qui fabrique des jouets en bois. Et pourquoi pas, courant sous les sapins, un étrange lutin qui ne semble pas animé de bonnes intentions. Ce livre ravira les plus jeunes. Lu le soir à voix haute, en confiant à l’enfant votre précieux et impressionnant coupe-papier, nul doute qu’il vous redemandera la suite le lendemain, ne serait-ce que pour manier à nouveau cet outil dont vous lui aviez jusqu’ici interdit l’usage.
Bon, est-il vraiment trop tard pour acheter ce roman de l’Avent ? Pourquoi ne referiez-vous pas l’Avent après Noël, pour une fois ? Sans compter que les rennes seront toujours là. Et votre fascinant coupe-papier aussi…
Pour écouter cette chronique (extrait lu à 03:45) :
Le renne mystérieux - Natacha Godeau - illustré par Tristan Gion - Auzou (193 pages, 11,95 )
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