Avec Octave, l’auteur Arnaud Cathrine poursuit un cycle de romance jeune adulte. « Romance », c’était d’ailleurs le titre qu’il avait donné au premier opus. Ont suivi Les nouvelles vagues puis aujourd’hui cet Octave, qui semble être le personnage-clé de ce qui est à ce jour une trilogie. Quand le roman commence, on comprend sans avoir lu les tomes précédents qu’Octave a mis successivement a mal les sentiments de Vince, un jeune homosexuel, et de Marylin, une dessinatrice, deux personnages que l’on retrouve, désirs intacts quoiqu’un peu désenchantés.
Arnaud Cathrine développe son récit selon une triple focalisation, donnant la parole successivement à Vince, à Marilyn puis à Octave, entre décembre 2020 et mars 2021. Il l’ouvre sur un article de presse intitulé : CONFINEMENTS : UNE JEUNESSE À BOUT qui situe le roman dans cette époque, particulièrement pesante pour tout le milieu étudiant parisien, où évoluent ses personnages.
Pour le remettre de sa déception amoureuse, la mère de Vince lui a offert quelques séances de thérapie. Elle a même insisté et Vince s’est dit : pourquoi pas ? Les séances vont donc alimenter le redressement moral et sexuel de Vince, qui, en parallèle, va s’éprendre en silence d’un de ses jeunes profs de fac, Louis d’Estrée, qui distille à ses élèves les Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes. Cette nouvelle cavale, en grande partie imaginaire, l’occupe et lui fait oublier Octave. En apparence.
Pendant ce temps-là, Marilyn se débat dans ses dilemmes d’étudiante larguée et fauchée : oublier Octave, quitter Cergy, trouver une colocation à Paris. Elle tombe sur Titus, qu’elle pense être gay, mais se trompe. En plus, le reconfinement met bas ses rêves : étudier l’histoire de l’art, écumer les musées et les galeries, traîner des heures au café ? Niet. Paris est redevenue « une attraction fermée au public », le décor d’une ville inanimée. Marilyn continue à dessiner, à poster sur Instagram, à créer tant bien que mal. Même dans un décor, on n’est pas à l’abri d’un coup de foudre qui reléguerait définitivement Octave dans les coulisses. Mais que faire de Titus, le coloc de plus en plus collant ?
Octave lui, qui vit aussi chez sa mère, poursuit son chemin presque solo d’étudiant en deuxième année de médecine. Trois fois par mois, il passe la première partie de la nuit chez Nightline, une plate-forme téléphonique qui recueille les appels d’étudiants en détresse psychique ou économique ou qui veulent juste sortir de leur isolement. Octave aime les garçons autant que les filles : il se sent « fluide », comme il dit. Il a aimé Vince, Marilyn, il se sent attiré par Lou, qu’il a rencontrée chez Nightline, et il y a Lilian qui ne va pas bien, pas bien du tout…
Arnaud Cathrine brosse un tableau sans fards de la période Covid dont nous sortons à peine, laissant transparaître derrière l’apparente uniformité de la condition étudiante et de ses tourments sexuello-amoureux, les inégalités socio-économiques qui en troublent le jeu, en compromettent l’insouciance et en faussent les cartes. Marylin, la banlieusarde qui doit supporter un coloc immature et lourdingue pour se maintenir à Paris, n’a pas vraiment les mêmes atouts en main que Vince et Octave, les deux garçons qui vivent dans la capitale chez maman.
Pour écouter cette chronique (extrait lu à 03:26, sacré Titus...) :
Octave , un roman d’Arnaud Cathrine pour jeunes adultes, paru chez Robert Laffont, collection R – 2022 (392 pages, 17,90 €)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire