Dans la courte présentation que son éditeur fait d’elle, nous apprenons que notre autrice du jour, Catherine Grive, a écrit à l’âge de huit ans à la reine d’Angleterre pour lui souhaiter son anniversaire mais qu’elle n’a malheureusement jamais reçu de réponse. C’est ce silence qui serait à l’origine de sa vocation d’écrivaine, celle qui écrit en vain, en quelque sorte.
Son héroïne du jour, Lucile, est une sorte de menteuse pathologique qui y trouve provisoirement son compte. D’où le titre de son livre, à rebours des admonestations qui ont brimé notre enfance : C’est beau de mentir. C’est beau le mensonge puisque grâce à lui, Lucile s’apprête à squatter l’appartement des Walton, de riches voisins, pour y fêter ses 15 ans avec une vingtaine de potes et ainsi continuer à leur en mettre plein la vue. D’ailleurs elle a bien choisi le thème de sa soirée d’anniversaire : « Tout ce qui brille ». Grâce aussi à Nathalie, une voisine qui a toutes les clés de l’immeuble depuis que la gardienne, soi-disant trop chère pour tous ces gros richards de l’avenue Foch, a été renvoyée.
Nous sommes dans les beaux quartiers, mais depuis que son père les a quittées, Lucile et sa mère ont emménagé certes à Paris XVIe mais dans deux chambres de bonne réunies sous les toits, avec des toilettes sur le palier. Tout ce qui est arrivé à Lucile, à son père et à sa mère, nous allons en fait l’apprendre… dans l’ascenseur. Car au moment où Lucile veut remonter de la cave où elle est allée chercher des bouteilles de vin, l’ascenseur tombe en panne. S’engage alors un étrange dialogue, comique bien qu’il ne fasse pas toujours rire Lucile, entre un curieux dépanneur et la prisonnière. Et une course contre la montre car si par malheur ce fichu ascenseur ne se remet pas en route, les mensonges de Lucile vont s’effondrer comme un château de cartes. En attendant, Lucile nous fait revisiter sa vie passée et présente.
Parmi la vingtaine de camarades de sa classe qu’elle a invités, il y a surtout Octave. Il ne s’est pas encore passé grand-chose entre eux mais Lucile pense bien frapper un grand coup et enfoncer les défenses du garçon au cours de la soirée.
Encore faudrait-il qu’il y eût une soirée… L’heure tourne et peu à peu nous nous énervons avec Lucile, nous nous angoissons avec Lucille, nous nous asphyxions avec elle. Bref, vous avez compris le principe. Catherine Grive nous montre quels effets cette retraite forcée dans un ascenseur en panne va produire sur son héroïne. Lucile pourra-t-elle enfin se sortir de ses mensonges ? Et franchement, y a-t-elle intérêt… ?
Pour écouter cette chronique (extrait lu à 02:28) :
C’est beau de mentir – Catherine Grive – éditions Sarbacane (185 pages, 15 €)
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