vendredi 21 avril 2017

De si beaux cheveux



Jeanne au lycée, Jeanne devant son miroir, Jeanne en famille, Jeanne dans les rues d’Orléans… est-ce la même Jeanne ? Et pourquoi se retrouve-t-elle devant un journaliste pour raconter sa vie ? Avec De si beaux cheveux, Gwladys Constant vient de produire un petit livre percutant, tout d’un bloc, en forme de coup de poing, qui ne devrait laisser personne indifférent.

Entre la photo de couverture, un crâne rasé pris de dos, et la 4ème qui affiche ces mots-clés si chers aux bibliothécaires qui cataloguent leurs livres pour les jeunes, « souffrance », « révolte », « harcèlement de rue », il y a un arc invisible, tracé et tendu sur 38 pages. Ni l’auteur ni le lecteur ne peuvent reprendre leur souffle en écoutant la confession de Jeanne. « Ecrire, disait Jules Renard, c’est parler sans être interrompu ». Jeanne, la narratrice, parle comme on écrit. En apnée. Jeanne a un besoin irrépressible de parler, depuis le geste qu’elle a posé, d’une grande violence symbolique. Dans la ronde médiatique, un journaliste ouvre une fenêtre à la petite Orléanaise, pour un bref tour de manège et elle s’y jette avec conviction, quoique sans illusion. C’est une « chance de pouvoir dire : voilà ce que j’ai subi, voilà ce que j’ai fait, voilà ce qui arrive, à moi, à d’autres. »

Jeanne d’Orléans témoigne donc pour toutes les autres Jeanne de son âge, celles qui vivent si heureuses entre collège, lycée et maison. Sauf que, entre ces deux espaces protégés par leurs codes propres, il y a la rue, où il faudrait pouvoir se glisser sans se faire voir, sans se laisser voir, car la rue est devenue une jungle où rôdent des hommes et leurs manières brutales, leurs mots crus comme des couteaux qui entrent dans les chairs pour découper les corps en morceaux et qui laissent la tête et le cœur en vrac. Il faut que ça cesse. Mettre fin à ses jours ? Non, Jeanne aime trop la vie. Mais oui, mettre fin à ces jours qui se répètent, comme des imbéciles. Jeanne va rendre sa justice, va se rendre justice, d’un geste brutal. Parce que, comme l’écrit Marguerite Duras, que cite Jeanne-Gwladys, « ce n’est pas qu’il faut arriver à quelque chose, c’est qu’il faut sortir de là où on est. »


Ce livre, inspiré d’un fait divers, touchera toutes les adolescentes, toutes les femmes. Que les garçons le lisent aussi !

De si beaux cheveux - Gwladys Constant - Oskar éditeur (39 pages, 6 €)

En podcast sur RCF Loiret (écoutez un extrait à 2:35) :

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