vendredi 1 décembre 2017

Le réveil de Zagapoï


Au cœur de la forêt amazonienne, une expérience contre Nature...



Pour un Français de métropole, vivre en Guyane peut être une expérience fondatrice, si du moins on accepte de s’immerger dans une nature qui s’écrit là-bas d’emblée avec un grand N. Enseignant à Saint-Laurent du Maroni dans les année 90, Yves-Marie Clément en a rapporté des impressions durables qu’il délivre à nouveau aujourd’hui dans Le réveil de Zagapoï, un conte mi-réaliste mi-fantastique.

Côté réaliste, on découvre Adriana en chef d’une équipe scientifique financée par un puissant laboratoire. Cette équipe est envoyée au cœur de la forêt amazonienne pour tester en vraie grandeur, après les essais en laboratoire, les effets d’un puissant insecticide capable d’éradiquer un ennemi mortel des humains : le moustique, cette petite bestiole jugée simplement agaçante sous nos latitudes, mais dont on sait qu’elle est le vecteur de tant de pathologies invalidantes voire mortelles de par le monde. Compte tenu des enjeux médicaux et financiers colossaux, la pression mise sur l’ensemble de l’équipe par le professeur Todorov, spécialiste mondialement reconnu des quelque 3000 sortes de moustiques recensées, est très forte.

Côté fantastique, on imagine immédiatement que l’expérimentation ne va pas se passer  comme le professeur Todorov l’avait vendue à son commando scientifique parachuté dans la jungle amazonienne.

Yves-Marie Clément a composé un thriller à trois voix. Celle d’Adriana, fille de la Guyane, qui tient le journal de sa mission jour par jour ; la voix de ceux que Clément nomme Les Habitants, pour bien marquer la légitimité qu’ils ont à vivre là : la flore et la faune guyanaise, dans son immense richesse ; et ceux qu’il nomme Les Autres, les intrus de la Nature, toute l’équipe de la mission incluant le professeur Todorov qui s’est replié à Cayenne pour suivre à distance prudente le déroulement des opérations.

Ces trois voix, tout au long du roman, dialoguent, se répondent et au fur et à mesure que se dévoilent les buts réels de l’opération, vont s’affronter sourdement puis ouvertement et brutalement, lorsque l’esprit de la forêt, nommé Zagapoï, se sera réveillé pour mener le combat final.


On l’a deviné, Le réveil de Zagapoï est à la fois une fable écologique et un conte d’avertissement. Le moindre de ses intérêts n’est pas de nous faire découvrir la richesse de la faune et de la flore guyanaise et d’en faire battre pour le lecteur, le cœur vivant, au fil d’une histoire palpitante de bout en bout.

Le réveil de Zagapoï - Yves-Marie Clément - Le Muscadier (2/11/2017) - (184 pages, 12,50 €)


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