Au cœur de la forêt amazonienne, une expérience contre Nature...
Pour un Français de métropole, vivre en Guyane peut être une
expérience fondatrice, si du moins on accepte de s’immerger dans une nature qui
s’écrit là-bas d’emblée avec un grand N. Enseignant à Saint-Laurent du Maroni
dans les année 90, Yves-Marie Clément en a rapporté des impressions durables
qu’il délivre à nouveau aujourd’hui dans Le réveil de Zagapoï, un conte
mi-réaliste mi-fantastique.
Côté réaliste, on découvre Adriana en chef d’une équipe
scientifique financée par un puissant laboratoire. Cette équipe est envoyée au
cœur de la forêt amazonienne pour tester en vraie grandeur, après les essais en
laboratoire, les effets d’un puissant insecticide capable d’éradiquer un ennemi
mortel des humains : le moustique, cette petite bestiole jugée simplement
agaçante sous nos latitudes, mais dont on sait qu’elle est le vecteur de tant
de pathologies invalidantes voire mortelles de par le monde. Compte tenu des
enjeux médicaux et financiers colossaux, la pression mise sur l’ensemble de
l’équipe par le professeur Todorov, spécialiste mondialement reconnu des quelque 3000
sortes de moustiques recensées, est très forte.
Côté fantastique, on imagine immédiatement que
l’expérimentation ne va pas se passer
comme le professeur Todorov l’avait vendue à son commando scientifique
parachuté dans la jungle amazonienne.
Yves-Marie Clément a composé un thriller à trois voix. Celle
d’Adriana, fille de la Guyane, qui tient le journal de sa mission jour par jour ; la voix de ceux que
Clément nomme Les Habitants, pour bien marquer la légitimité qu’ils ont à vivre
là : la flore et la faune guyanaise, dans son immense richesse ; et
ceux qu’il nomme Les Autres, les intrus de la Nature, toute l’équipe de la
mission incluant le professeur Todorov qui s’est replié à Cayenne pour suivre à
distance prudente le déroulement des opérations.
Ces trois voix, tout au long du roman, dialoguent, se
répondent et au fur et à mesure que se dévoilent les buts réels de l’opération,
vont s’affronter sourdement puis ouvertement et brutalement, lorsque l’esprit
de la forêt, nommé Zagapoï, se sera réveillé pour mener le combat final.
On l’a deviné, Le réveil de Zagapoï est à la fois une fable
écologique et un conte d’avertissement. Le moindre de ses intérêts n’est pas de
nous faire découvrir la richesse de la faune et de la flore guyanaise et d’en
faire battre pour le lecteur, le cœur vivant, au fil d’une histoire palpitante
de bout en bout.
Le réveil de Zagapoï - Yves-Marie Clément - Le Muscadier (2/11/2017) - (184 pages, 12,50 €)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire