Les parents de Sarah ont étalé les envois. C’est comme ça qu’elle se retrouve au collège, entre un grand frère, Ewen, étudiant en médecine, et un petit frère qui distribue encore des bisous baveux sentant le doudou douteux. Or Sarah a un problème avec les bisoux, baisers, embrassades et frottages de joues de toutes sortes, tous ces trucs pas hygiéniques que tout le monde veut vous faire, alors que pour elle, une franche poignée de main suffirait bien. Une main dit tant de choses à elle seule…
Seulement voilà, hé, hé, Harry est arrivé au collège. Harry, c’est le beau gosse américain doué en tout et de partout, qui a fait immédiatement craquer toutes ces demoiselles, y compris Sarah. Sarah qui se rend compte tout à coup qu’elle part dans la course avec un sérieux handicap : « j’embrasse pas ». Comment se rapprocher du prince charmant quand ce simple contact que tout le monde trouve normal vous révulse ?
C’est grand frère qui va trouver la solution. Car Harry a un point faible : il fait de l’escrime. Pour sa petite sœur, Ewen va ressortir sa tenue de gladiateur délaissée depuis deux ans et entraîner Sarah dans son ancien club, où tire l’Américain. Conquérir Harry à la pointe de l’épée ne va pourtant pas être une sinécure. Sarah qui n’a jamais tenu une épée de sa vie va devoir faire un long chemin, entraînée clandestinement par son frère dans le garage familial. Elle souffre, elle transpire, elle a mal, mais elle tient bon. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle, est-ce que ce long détour par le sport va amener Sarah en face d’Harry, enfin seule à seul et sans concurrence ?
C’est ce que vous saurez en lisant le livre de Richard Couaillet qui s’est glissé avec un plaisir évident dans la peau de sa narratrice, même si cette peau la démangeait un peu au départ. Sans doute s’est-il bien vu en même temps dans le rôle du grand frère favorisant les premières entreprises de séduction de sa petite sœur. C’est d’ailleurs cette relation-là que le livre met le mieux en lumière, Ewen et Sarah, Sarah et Ewen comblant peu à peu la distance que leurs dates de naissance semblaient avoir instaurée définitivement. J’embrasse pas est autant un livre sur l’amour fraternel et sororal que sur l’amour tout court. Mais rassurez-vous, Harry ne perd rien pour attendre. Vous non plus.
Pour écouter cette chronique (extrait lu à 2:31) :
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J’embrasse pas – Richard Couaillet – Actes Sud junior (88 pages, 12,50 €)
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