Comment parler politique aux adolescents sans les ennuyer avec des grands mots et des grands discours ? Benoît Séverac relève brillamment ce défi dans Le jour où mon père a disparu, en confiant à Étienne, dans l’été de ses quinze ans, le soin de démêler les raisons de la soudaine disparition de son père.
Cet événement renvoie brusquement l’adolescent à une situation qu’il n’a jamais su élucider. Pourquoi ses parents et lui ont toujours été considérés comme des parias dans le village où ils vivent ? Étienne s’est toujours senti exclu du foot, des fêtes et des bandes de copains. Même ses grands-parents et son oncle semblent brouillés à mort avec leur fils et frère et Étienne là aussi n’a jamais compris pourquoi. La disparition de son père est une sorte d’électrochoc. Il décide cette fois qu’il est temps pour lui de lever les mystères et les secrets qui entourent leur vie.
La mère d’Étienne, visiblement, sait des choses mais ne veut rien lui dire. Où son père se trouve-t-il ? Silence et Étienne ne sait si c’est ignorance de sa part ou refus de lui parler. Alors il décide qu’il va enquêter lui-même et retrouver son père.
Benoît Séverac nous entraîne avec son jeune héros dans une sorte de quête initiatique. Étienne n’est plus un enfant, pour la première fois, il veut comprendre l’histoire de sa famille. Chemin faisant, il va croiser celle du Front de libération occitan et découvrir les tendances qui ont déchiré le mouvement jusqu’au sein de sa famille et qui ont fait de son père –il ne peut le croire - un traitre. Fuyant un moment la tourmente familiale, il va se retrouver au Pays basque avec son ami Yannis qui l’initie au surf. Bien plus important, Étienne va croiser Oihana et tomber amoureux. Brève et essentielle parenthèse dans cet été chaotique mais qui va se heurter là encore au monde des adultes.
Au bout du bout, Étienne revenu chez lui va surtout découvrir qu’un secret familial peut en cacher un autre qui, cette fois, l’implique personnellement au plus haut point. Pourra-t-il traverser cette nouvelle épreuve ?
Benoît Séverac nous livre un roman d’apprentissage fiévreux qui, le temps d’un été initie son jeune héros aux luttes politiques et aux détours de l’amour. Au monde adulte.
Écouter cette chronique (extrait lu à 2:10) :
Le jour où mon père a disparu - Benoît Séverac - Syros - 2020 (230 pages, 15,95 €)
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