vendredi 6 mars 2020

Sophie Germain





Connaissez-vous Sophie Germain ? Sans doute que non, à moins que le hasard fasse que vous ayez fréquenté le lycée qui porte son nom dans le quartier parisien du Marais. Sophie Germain n'est connue que des mathématiciens qui se sont intéressés à l'histoire de leur discipline ou ont croisé au cours de leurs études un théorème qui porte son nom. Car Sophie Germain, c'est, nous apprend Sylvie Dodeller dans le livre qu'elle vient de lui consacrer, la « femme cachée des mathématiques ».

A la veille du 14 juillet 1789, alors qu'elle cherche dans la bibliothèque de son père un livre qui lui résisterait quelque peu, elle tombe sur les deux forts volumes d'une Histoire des mathématiques d'un certain Jean-Étienne Montucla. Elle n'a que treize ans, ignore jusqu'au nom de cette étrange matière et ne peut imaginer qu'elle va lui consacrer sa vie entière.

Sa jeune passion s'avère d'emblée si dévorante jusqu'en ses nuits, tel un coup de foudre amoureux, que ses parents songent un moment à la détourner de ce qui ressemble à une obsession, avec tous les arguments de l'époque qu'on opposait aux femmes savantes. Devant la détermination de leur fille, ils vont avoir l'intelligence de s'incliner et même de la soutenir. 

Sophie, en parfaite autodidacte, se met à dévorer tous les traités qui lui tombent sous la main. Bézout, Leibniz, Newton, Euler. Elle apprend le latin pour lire ces messieurs dans le texte. En 1794,  elle a 18 ans et le hasard mais aussi l’aplomb qui est le sien quand il s'agit de sciences, vont lui faire rencontrer dans sa librairie favorite un étudiant de l'École polytechnique qui vient d'être fondée et où enseignent les plus grands esprits du temps. Bien évidemment, l'école en question n'est pas ouverte aux filles, mais par l'intermédiaire d'Antoine Augustin Le Blanc qu'elle se met à  aider dans ses devoirs, elle va avoir la chance de rencontrer Lagrange, qui va la conforter dans sa vocation.

Sa réputation va grandir. Mais c'est encore sous un pseudonyme masculin qu'elle va entreprendre une correspondance scientifique avec Gauss, le grand mathématicien allemand. Peu à peu, elle va prendre sa place sur la scène scientifique française malgré tous les obstacles qu'une femme peut y rencontrer. C’est d'ailleurs incognito qu'elle remportera un Grand prix de l’Académie des Sciences.

Sylvie Dodeller nous conte sa vie comme un roman, qui explose un à un tous les plafonds de verre !

Écouter cette chronique (extrait lu à 2:27) :


Sophie Germain - Sylvie Dodeller - l'école des loisirs - 2020 (140 pages, 11,50 €)

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