vendredi 18 juin 2021

Broadway Limited - 1. Un dîner avec Cary Grant


Chers lecteurs et lectrices, si vous ne savez pas quoi faire de l’été qui arrive, plongez-vous toutes affaires cessantes dans la trilogie new-yorkaise que Malika Ferdjoukh vient enfin d’achever, Broadway Limited. Soit quelque 1700 pages, dont je viendrai à bout sans peine dans les jours qui suivent mais dont je ne peux m’empêcher de vous parler dès aujourd’hui ayant lu le premier tome et sérieusement entamé le second.

Bienvenue donc dans la pension Giboulée, exclusivement réservée aux jeunes filles, mais où le jeune Jocelyn va être admis en vertu d’une dérogation qui fournirait à elle seule matière à roman. Céleste et Artemisia, les deux sœurs qui tiennent cet établissement d’une main de fer, ont eu une faiblesse inexplicable pour ce jeune Français débarqué chez elle par erreur sur la foi d’un prénom épicène jugé féminin par nos Américaines : est-ce parce qu’il vient de Paris, qu’il a 17 ans, qu’il est pianiste et plutôt beau gosse ou qu’il avait dans ses bagages un délicieux velouté d’asperges amoureusement préparé par sa mère  ? Le puritanisme a parfois ses faiblesses, outre-Atlantique. Vous en jugerez par vous-mêmes.

Nous sommes en 1948. Toutes les jeunes filles de la pension rêvent, qui d’être comédienne ou chanteuse, qui de devenir danseuse. Elles  voient déjà leur nom en haut de l’affiche, là où scintillent pour l’heure ceux de Clark Gable  et Fred Astaire, Cary Grant et Grace Kelly, Sarah Vaughan et James Stewart. Mais en ces années d’après-guerre, l’Amérique est aussi la proie d’une chasse aux sorcières qui poursuit le moindre petit soupçon de sympathie pour le communisme. Dans les milieux artistiques, être traduit devant la redoutée commission de la Chambre des représentants chargée de cette campagne d’épuration, peut signifier la fin brutale d’une carrière au théâtre, au cinéma ou dans la chanson, sur la foi souvent d’une simple dénonciation anonyme.

Elles ont nom ou pseudo Manhattan, Chic, Page, Hadley, Etchika et Ursula et, nous prévient la 4ème de couverture, sont éminemment « turbulentes, éblouissantes, hardies et étourdissantes ». Notre petit poussin français va-t-il se faire croquer tout cru par l’une d’entre elles ou par toutes à la fois? Ou bien nos Américaines seront-elles trop occupées à se tailler une place dans un monde artistique plutôt impitoyable pour s’attaquer à Jocelyn ? Vous l’apprendrez rapidement. 

Malika Ferdjoukh dresse un portrait trépidant de la Grosse Pomme. Surtout, elle suit Jocelyn et chacune des jeunes filles dans leur exploration de la vie qui commence, pour elles et lui, dans ce moment de grâce absolue où tout semble possible. Parce que l’une pense avoir retrouvé son père qui l’a abandonnée il y a fort longtemps, parce que l’autre est tombée éperdument amoureuse d’un militaire dans le train qui l’amenait à New-York et qu’elle a perdu son adresse, parce que chacune a une histoire particulière et semble prête à tomber en amour à chaque instant, le récit de notre autrice électrise le lecteur. Malika Ferdjoukh ne manque pas non plus de faire rimer amour et humour, pour grimer les peurs et les chagrins, sur fond d’une rage commune : réussir. Le premier tome - sous-titré Un dîner avec Cary Grant - s’achève dans la fièvre de Noël, qui ferait presque fondre la neige qui s’est abattue sur la ville. À lire de 12 à 102 ans !

Pour écouter cette chronique (extrait lu à 03:26 ) :



Broadway Limited – une trilogie new-yorkaise – Malika Ferdjoukh – l’école des loisirs – 2015-2021 (1735 pages)

2 commentaires:

  1. Hello, petit coentaire pour dire que votre blog est vraiment bien! Je suis pas mal contente de l avoir découvert ! Il devrait être plus connu! :p
    Moi ausdi j ai lu broadway limited et évidemment j ai adoré! J en suis au tome 3 mais j attends sa sortie en poche !

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  2. Ce roman est tellement bien ! Totallement d'accord pour le 102 ans ;)

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