vendredi 24 novembre 2023

Tout va bien



 Ce n'était peut-être pas une bonne d’idée de se marier en Ukraine le jour du déclenchement de l’opération militaire spéciale de Vlad-le-Mauvais ! C’est pourtant ce qu’ont voulu Oksana et Oleksandr, deux officiers de l’armée ukrainienne. En guise de robe de mariée, Oksana porte un treillis, des Rangers boueuses et une Kalachnikov mais au dernier moment, tante Dascha a apporté une brassée de fleurs de prunier et a pu lui tresser une couronne de mariée. La petite Nastja est très fière de sa grande sœur quand le maire et le père Nikolaï, à peine descendus de leur 4X4, marient les jeunes militaires en deux formules et une bénédiction. La fête est malheureusement vite interrompue par les premiers bombardements qui forcent Oksana à troquer précipitamment sa couronne de fleurs contre un casque et à partir à toute vitesse vers le front, avec son mari à peine épousé.

Après ce prologue de fête-malgré-tout, Xavier-Laurent Petit a voulu retracer dans ce nouveau roman, intitulé ironiquement Tout va bien, les premiers jours  de la guerre russo-ukrainienne, subie par une famille d’artistes,  lui pianiste et elle contrebassiste. Leur fille Nastja a une dizaine d’années. Il y aussi la tante Dasha qui s’est mise immédiatement à confectionner des cocktails Molotov dans sa cuisine et surtout la grand-mère, Babusja qui a perdu la tête et chantonne à longueur de journée des comptines enfantines.

L’auteur nous fait vivre l’irruption brutale de la guerre, les premiers bombardements qui vont décider très vite le père à mettre sa famille à l’abri en lui faisant passer la frontière à l’Ouest du pays. Chacun entasse quelques affaires dans la Dacia, y compris la contrebasse de Polina, et c’est la route de l’exode, un voyage interminable dans les bouchons, le froid, avec la grand-mère qui, dans le fond de la voiture, chante imperturbablement ses comptines. Car il n’était pas question de l’abandonner sous les bombes. Pas plus qu’il ne sera question pour le pianiste d’abandonner la lutte.

Peut-on mettre la guerre en roman ? Xavier-Laurent Petit a choisi de raconter non la guerre mais ses dégâts collatéraux. Il explique dans un « dernier mot », à la fin du livre, comment ce récit est né, s’est imposé à lui après une rencontre en collège en mars 2022, du côté de Saint-Nazaire. Tout est faux et tout est vrai mais ses mots ont bien plus de poids que toutes les images que nous avons vues depuis vingt et un mois. Car c’est Nastja qui raconte la guerre à hauteur d’enfance. 

Pour écouter cette chronique (extrait lu à 02:42) :


Tout va bienXavier-Laurent Petit – l’école des loisirs (252 pages - 12,50 €)


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