L’an passé, l’école des loisirs fêtait ses cinquante ans.
Cette année, c’est au tour des éditions Bayard de célébrer le cinquantenaire de
Pomme d’Api. Ce mensuel, destiné aux enfants de 3 à 7 ans a été créé en 1966.
Distribué au départ à la sortie des églises, visant un public auquel personne
n’avait pensé et pour cause, celui des enfants qui ne lisent pas encore tout
seuls, son succès a été immédiat. Les fondateurs, Yves et Mijo Beccaria,
étaient issus de l’Action catholique, d’un christianisme engagé et ils s’appuyaient
sur des vues pédagogiques modernes, celles de Maria Montessori en particulier :
apprendre en jouant, en utilisant tout son corps et pas seulement sa tête, etc.
Les années 70 ont vu Bayard développer une gamme de périodiques couvrant progressivement
tous les âges de 0 à 20 ans : Les Belles Histoires, Astrapi, J’aime Lire,
Okapi, Je Bouquine, Phosphore, autant de titres dans lesquels des générations
successives ont acquis et consolidé le goût de la lecture.
Petite parenthèse : cette réussite éditoriale de Bayard sera
clonée quasiment terme à terme à partir de 1980 par une maison toulousaine
concurrente dénommée Milan Presse. Patrice Amen, l’un des quatre fondateurs et
ancien président du groupe, souhaitait, en dépit de son patronyme, créer une
presse laïque, vierge de toute référence religieuse. Ce sera le lancement de
Toboggan, concurrent direct de Pomme d’Api. Suivront d’autres succès de presse
puis d’édition, comme Copain des Bois. Mais Bayard aura le dernier mot en
absorbant le groupe Milan en 2004, tout en lui laissant une large autonomie qui
perdure à ce jour.
Aujourd’hui, Pomme d’Api, pour revenir à lui, tire à plus de
100 000 exemplaires chaque mois, chiffre qu’il faut multiplier par 10 pour
mesurer son audience véritable. Pour beaucoup d’enfants devenus aujourd’hui
adultes et parents, leur première bande dessinée a été Petit Ours Brun, le
héros intemporel créé dans Pomme d’Api par la gouache de Danièle Bour en 1975.
Quarante ans après, « P-O-B » comme disent les spécialistes, est
toujours présent et dans le numéro de novembre 2016, déjà paru, il rentre de
l’école avec son papa. Trop sage, Petit Ours Brun ? Ses aventures font
l’objet sur Internet de multiples détournements, des plus malicieux aux plus
trash, preuves supplémentaires qu’il est bien un personnage culte de la petite
enfance.
Ces revues pour la jeunesse, vous pouvez les découvrir et
même les feuilleter sur les sites internet de Bayard ou de Milan ou chez votre
marchand de journaux habituel. Aux approches de Noël, si vous ne savez rien
offrir à vos petits- enfants - « qui ont déjà tout » vous
lamentez-vous déjà - pensez qu’un abonnement à un mensuel ciblé pour leur âge
sera un cadeau apprécié, qui leur rappellera en outre chaque mois, surtout si
vous vivez au loin, qu’ils ont un papy ou une mamie qui pense à eux.
Bon, puisque vous avez été sages cette semaine, je vais vous
lire, non pas un extrait, non, TOUTE une histoire de POB. Celle-là, je l’ai
ressortie de ma bibliothèque. Je la racontais à mon fils Benjamin quand il
avait cinq ans, il en a aujourd’hui 39 puisqu’il est né en même temps que
J’aime Lire, ce qui ne nous rajeunit pas. C’est une histoire dramatique, qui
s’intitule « Petit Ours Brun est fâché avec maman », en 7 images,
comme toutes les histoires de POB depuis que POB existe.
Soyez bien attentifs. On est à la radio et pas à la télé. Il
faut donc que je vous fasse aussi les images. Le drame se noue dans la cuisine.
Maman est aux fourneaux et tourne la tête vers POB qui vient de débouler dans
son dos :
- - Maman,
un bonbon, s’il te plait, je veux un bonbon.
Vous aurez noté que notre petit ours national est bien
élevé : il a dit « s’il te plait ». Pas sûr pourtant que ça
suffise. De fait, la maman retourne ostensiblement à ses casseroles et
énonce clairement :
- - Non,
Petit Ours Brun, on va dîner.
Vlan, une fin de non recevoir aussi brutale qu’unilatérale.
Le POB ne se démonte pas. Il tire sournoisement par derrière sur les cordons du
tablier de maman ours et lance :
- - Je
veux un bonbon, t’es pas gentille.
Pendant que maman, sans montrer trop d’agacement, renoue son
tablier, POB porte l’estocade :
- - Je
t’aime plus, je veux une autre maman.
Est-ce que maman va se démonter, s’effondrer en sanglots, se
mettre à genoux devant POB ? Pas du tout, ce monstre d’indifférence ose
lancer à son petit ours adoré cette très froide réplique :
- - Cherche
une autre maman Petit Ours Brun.
A quoi POB répond du tac au tac par le cahier des charges de
la maman idéale :
- - Je
veux une maman qui donne des bonbons, une maman qui gronde pas.
- Et
quoi encore ? interroge la maman qui, un genou sur le carrelage, s’est enfin
mise à hauteur de son ourson et lui pose la main sur l’épaule.
Danièle Bour a laissé le dernier mot à POB :
- - Une
maman toujours gentille.
C’était, exceptionnellement cette semaine, une histoire
COMPLÈTE de Petit Ours Brun, de Danièle Bour, parue il y a fort longtemps dans
Pomme d’Api, le magazine mensuel de Bayard destiné aux enfants de 3 à 7 ans,
qui fête cette année ses cinquante ans.
Petit Ours Brun est fâché avec maman - Danièle Bour - Centurion jeunesse
En podcast sur RCF Loiret (écoutez une histoire ENTIÈRE de POB à partir de 2:49) :
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