Quand j'aurai 16 ans, je choisirai mon sexe.
Le bandeau du livre l’annonce : « à 16 ans, il faut
choisir ». Entouré des symboles des sexes masculin et féminin,
l’injonction est claire : dès les premières pages, C. Kueva, l’auteure,
nous fait entrer dans un monde où les enfants naissent et grandissent hermaphrodites
jusqu’au moment où ils doivent opter, à l’âge de seize ans, pour un sexe ou
pour l’autre. Depuis la grande catastrophe nucléaire, commémorée tous les ans
le 26 avril par une minute de silence, il y a donc une césure dans la vie de
chacun, un avant et un après la « Seza » : Seza, c’est le nom
donné à la cérémonie qui marque le passage à la vie adulte, sexuée. Des cours
sont dispensés pour aider chaque jeune à prendre sa décision, parfois déjà
mûrie par les relations amicales nouées dans la neutralité de l’enfance et de
la pré-adolescence.
Tout cet aspect de la vie est régulé de près par le corps des
Sanits et un Centre de planning hormonal, le « CPH », celui-là même
qui se charge de déclencher en quelques semaines la puberté choisie. Dans cette
société, on ne naît pas homme ou femme, on le devient, et la formule prend son
sens le plus fort. Nous suivons l’itinéraire de trois amis, une Gaëlle déjà
fille, son ami Matt qu’elle aime et qui se prépare à choisir d’être garçon, et
Flo qui vient d’opter pour le sexe féminin mais se pose des questions sur la
pertinence de l’orientation qu’elle a prise.
Les choses se compliquent dès le début du roman, quand, à la
suite de sa prise de sang annuel, Matt apprend qu’il est Porteur, raccourci
pour nommer l’anomalie génétique STYX qui le frappe : les Porteurs rejettent
le traitement hormonal qui permet la sexuation. Matt va rester neutre pendant
quinze à vingt ans, incapable de se reproduire, voué à une vie sociale diminuée,
soumis de surcroît à un traitement lourd censé combattre cette déficience
génétique.
Quand il apprend la nouvelle, Matt s’effondre, malgré le
soutien de ses parents, de son frère aîné. C’est Gaëlle qui va l’aider à faire
face, en se lançant sur la piste des médecines alternatives et en l’entraînant
dans ses recherches. Recherches qui vont vite s’avérer dangereuses pour les
jeunes gens, tant elles heurtent de puissants intérêts et peut-être des secrets
d’État jusqu’ici bien gardés. Dans ce monde où tout semble si bien organisé,
peut-on résister et à quoi exactement ?
Une trilogie nous est promise. Avec ce premier volume,
l’auteure C. Kueva, parvient à rendre son univers du genre choisi parfaitement
plausible. Elle amène progressivement le lecteur à se poser pour lui-même cette
question un peu déconcertante : et si j’avais eu le choix, moi aussi,
serais-je devenu homme ou femme ?
Dans le passage que je vous lis à la fin de ma chronique, Flo est devenue
Floriane. Mais elle vient confier ses doutes à son Référent, qui l’a aidée à
préparer sa Seza et à choisir d’être une fille :
En podcast sur RCF (écoutez un extrait à 2:55)
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