Nathan a
quinze ans. Il lui semble qu’il vit avec son père depuis toujours. D’ailleurs il
lui a dit : ta mère est morte quand tu étais tout petit. Sauf que là,
c’est papa qui meurt. Son cancer lui aura donné un sursis de trois ans. Trois
années pendant lesquelles Nathan a passé de longues heures à l’hôpital. Comme
lui a dit son père : ton ADN, à 50 %, c’est moi. Est-ce cette foi
transmise dans la génétique ? Dans
sa tête, Nathan continue à parler à son père, et son père lui répond.
La suite
semblait toute tracée : Nathan allait vivre à Lyon chez tata Anne avec ses
deux cousins, Mona et Mathis, les M&M’s complices de toutes les vacances
depuis l’enfance. Sauf que coucou, l’autre moitié de l’ADN réapparaît.
Finalement, maman n’était pas morte, c’était la dernière blagounette posthume
de papa. Et maman a décidé qu’elle récupérait son ado après 14 ans d’absence.
Ce plan imprévu ne ravit pas Nathan : une mère vegan inconnue, qui tient à
l’appeler par son prénom entier Nathanaël et l’embarque dans un trou perdu, il
va lui falloir du temps pour s’y faire.
Manu Causse
nous raconte ce lent apprivoisement mutuel de deux animaux farouches que rien
ne lie sinon le sang. Nat, Nathan, Nathanaël découvre ses grands-parents
maternels, vieux paysans taiseux aux prises avec une agriculture au bord de la
faillite et du désespoir. Doucement, pourtant, les charmes de la nature le
pénètrent, comme ceux d’une certaine Zoé dont il tombe amoureux transi. Nathanaël
se réenracine.
Aussi, quand un projet de décharge de déchets toxiques s’apprête
à bouleverser le paysage, quand les militants anti débarquent pour constituer une
zone à défendre, Nathanaël va faire un nouvel apprentissage, dans les pas de
Zoé, aux côtés de sa mère retrouvée. Entre manifestations bon enfant et charges
des CRS, c’est à l’éveil d’une conscience politique que nous assistons,
décillée face à la brutalité du monde.
Manu Causse confie
à Nathanaël la narration directe de ses découvertes successives, des deuils de
l’enfance au seuil de l’âge adulte, en passant par les premiers émois amoureux
de l’adolescence.
Dans une
courte postface, l’auteur nous dévoile, comme le font désormais beaucoup
d’auteurs jeunesse, une partie de ses sources d’inspiration, puisées autant
dans sa vie personnelle que dans l’actualité.
Le bonheur
est un déchet toxique – Manu Causse – Thierry Magnier (274 pages, 14,50 €
En podcast sur RCF Loiret (écoutez un extrait à 2:25) :
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