Juliette et
Anatole sont en 3ème. Anatole est un drôle de zig, une sorte de
Grand Duduche souvent dans la lune. Autant dire que si son prénom rime avec
école, c’est bien la seule chose qui s’accorde, entre le collège et lui. Plutôt
solitaire, plutôt du genre à passer ses récréations assis sur un banc à lire
ses mangas, il n’a pas beaucoup d’ami.e.s, en dehors de Juliette, qui est
peut-être un peu plus qu’une copine pour lui. Mais il n’est pas encore au
courant. Juliette, si, et c’est elle la narratrice.
La vie
d’Anatole va changer du jour où il découvre, assise en classe à côté de lui, là
où il n’y a jamais personne, une certaine Philomène, qu’il n’a jamais vue. Non
seulement c’est une nouvelle, mais il comprend vite que si elle lui parle et
qu’il lui répond, il est le seul à l’entendre et à la voir. Pour la bonne et
simple raison que Philomène est un fantôme, celui d’une jeune fille morte en
1870 sur les lieux de l’actuel collège.
Dans la
littérature comme dans la vie, le fantôme incarne toujours un tourment du passé
qui n’a pas su trouver l’apaisement et le cherche désespérément parmi les vivants.
Cette incarnation est plus ou moins forte. Dans le cas de Philomène, c’est un
vrai phénomène, qui va entraîner Anatole dans une drôle d’aventure, le sortant
assez violemment de son monde de rêverie permanente.
Que cherche
Philomène ? C’est tout ce que le roman d’Emmanuelle Cosso nous amène à
découvrir progressivement à travers le récit de Juliette. Fantôme du passé,
Philomène fait revenir Anatole dans le Paris de 1870, assiégé et affamé par les
Prussiens. Où Anatole croise Sœur Charlotte, enseignante fantôme elle aussi
d’une classe non moins fantôme tapie dans les sous-sols du collège… En
l’entraînant jusqu’au cœur d’un drame irrésolu, Philomène va se servir
d’Anatole pour se libérer de ses chaînes – tout fantôme a les siennes, c’est
bien connu.
Heureux les
cœurs purs, ils verront les âmes enchaînées pourrait être la leçon du Phénomène
Philomène. Emmanuelle Cosso impose sa fantaisie dans cette fable réaliste et
improbable, où l’on croise aussi la police, les Pompiers de Paris et la Garde
républicaine.
Vous allez
me dire que les fantômes, ça n’existe pas ? Pour ma part, je n’ai jamais
rencontré de Philomène. Mais je crois au fantôme tel que l’ont défini les
psychanalystes Torok et Abraham : le fantôme, c’est "le travail dans
l’inconscient du secret inavouable d’un autre". Songez à tout ce qui vous
travaille et vous commencerez peut-être à ressentir vos fantômes intimes, sinon
à les voir comme Anatole.
Le phénomène Philomène - Emmanuelle Cosso - éditions Sarbacane, collection Pépix (à partir de 8 ans, 256 pages,
10,90 €)
En podcast sur RCF 45 (écoutez un extrait à 2:31)
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