C’est l’un des plus célèbres contes allemands que Clémentine Beauvais a choisi de revisiter avec la complicité de l’illustrateur Antoine Déprez. Au passage, c’est aussi le tandem qui nous avait déjà donné l’album La louve, en 2014, qui est ici reconstitué.
Der Rattenfänger von Hameln est un conte très ancien recueilli par les frères Grimm. L’histoire daterait du XIIIème siècle et elle est située à Hamelin, en Basse-Saxe. Les rats, porteurs de la peste ont envahi la ville quand un joueur de pipeau se présente, se faisant fort de débarrasser les habitants de ce double fléau. Un marché est conclu et le joueur, charmant les rongeurs par sa musique, les entraîne à la rivière où il les noie tous. Malheureusement, quand il se présente pour récupérer la récompense promise, le bourgmestre et les villageois ont oublié leurs engagements et ils chassent sans vergogne le dératiseur. Celui-ci va revenir quelque temps plus tard se venger. Parcourant les rues en jouant à nouveau de son pipeau, il entraîne cette fois-ci tous les enfants du village à sa suite – CXXX (cent trente) dit le conte – qui disparaissent à tout jamais. Tous sauf deux d’entre eux qui en réchappent, car ils s’étaient attardés : mais l’un est aveugle et ne peut désigner l’endroit où les enfants ont disparu, l’autre est muet et ne peut le raconter.
Les anciens se souviennent peut-être d’une reprise de ce conte par le chanteur Hugues Aufray, en 1966, dans Le joueur de pipeau…
Sur ce socle traditionnel, Clémentine Beauvais a imaginé une reprise et un développement qu’Antoine Déprez a mis en images. Ameline est une petite fille qui a souvent entendu son grand-père lui raconter le sombre récit des enfants enlevés par le joueur de flûte. Mais le jour de ses dix ans, son grand-père meurt et Ameline, orpheline, se retrouve confiée à une famille adoptive, précisément dans la commune de Hamelin, où elle vient, en compagnie d’une vieille dame qui servait de nourrice et de gouvernante, d’enterrer son grand-père.
Hamelin n’est pas envahie par les rats mais par les chats. Ameline, elle, fait connaissance avec une bande d’enfants un peu étranges qui l’entraînent dans leurs jeux au bord de la rivière. Qui sont ces enfants ? D’où sortent-ils ? Quelles sont leurs intentions ? Les parents adoptifs d’Ameline n’ont pas l’air de les connaître. Mais Ameline ne s'en soucie guère…
Transposant le conte, Clémentine Beauvais fait coup double. Les jeunes lecteurs en découvriront à la fois la version traditionnelle et la nouvelle, mises en abyme pour composer un hymne à l'enfance insubmersible. Les images pleine page d’Antoine Déprez enveloppent le récit d’un curieux mélange de mystère et d’insouciance, réinstallant peu à peu le décor du conte cruel de Grimm et la sourde menace d’un nouveau dénouement tragique. L’histoire pourrait-elle se répéter ?
Ecouter cette chronique (extrait lu à 2:47)
Ameline – Clémentine Beauvais, texte - Antoine Deprez, illustrations – ‘Alice Jeunesse – 2018 (48 pages, 15 €)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire