vendredi 22 novembre 2019

Vampyre




C’est au mitan des années soixante-dix que le mythe du vampire, créé par Bram Stoker et son Dracula, paru en 1897, a été revisité par Anne Rice avec son livre Entretien avec un vampire. Depuis, la figure de ce prédateur sanglant a été diversement déclinée, notamment par Stephenie Meyer et sa série Twilight, romance à crocs. Dans son nouveau roman, intitulé Vampyre, Lorris Murail, met en scène un avatar de ces étranges créatures, qui errent parmi la faune nocturne de New-York et de ses bas-fonds.

Avatar car il y a vampire et vampyre… Le vampyre de Murail est habillé d’un i grec. Il ne se nourrit pas du sang de ses contemporains mais de leur énergie vitale, qu’il aspire par des procédés qui ne doivent pas grand chose à sa paire de canines ou à sa cape noire.

A l’approche d’Halloween, Mia et Janet, deux adolescentes, entrent dans une boutique de déguisements. Elles n’y achètent que des bricoles mais trouvent, par terre un pendentif, une ânkh, une croix égyptienne, qu’elles ramassent discrètement – croient-elles – avant de s’éclipser de la boutique, sans en dire un mot au patron qui n’a rien vu – pensent-elles.

Cette croix va entraîner Mia dans une fête un peu spéciale où Terry, un camarade de classe tout aussi spécial, la dépose. Un homme d’âge mûr est attiré par cette jeune fille mineure qui ne devrait pas être là et quand elle sort, il la suit et met en fuite son agresseur. Fort de cet avantage, PhaX, c’est son nom, va inviter Mia dans son quatorzième étage et Mia, contre toute prudence, va accepter cette invitation.

Quand Mia disparaît, c’est son professeur de littérature, Aurélien Langford qui s’inquiète et mène l’enquête avec le fameux Terry, un garçon surdoué qui a une case en moins, celle peut-être avec laquelle il pourrait aimer Mia. En apparence, cette case vide ne parvient pas à perturber un esprit aussi logique que naïf, qui s’avèrera précieux autant pour Aurélien que pour Mia.

Lorris Murail est un auteur confortable. Je veux suggérer par là que ses romans se dégustent calmement, comme un cognac que l’on a chauffé lentement dans le creux de la main, assis dans un profond fauteuil de cuir, devant une belle flambée. Gorgée par gorgée, pourtant, un autre feu vous gagne, intérieur, auquel vous ne vous attendiez pas forcément. 

Dans Vampyre, il y a des miniatures et des grandes fresques, des expériences de pensée intimes et des scènes brutales, de la nature dans la ville et des tornades, un dilemme du tramway, un père explorateur, spécialiste des chauves-souris mais inquiet comme n’importe quel père, un professeur non conformiste, un genre d’autiste surdoué, des filles qui ne vont pas s’empêcher de vivre au motif que ça pourrait devenir dangereux. C'est tantôt drôle, tantôt sombre. Au bal des ombres, Lorris Murail mène la danse. Quand les lumières vont-elles se rallumer ?

Écouter cette chronique  (extrait lu à 2:60)



Vampyre - Lorris Murail - PKJ - 2019 (366 pages, 17,90 €)


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