Comme dans la littérature générale, il y a des classiques dans la littérature pour la jeunesse, qui sont, pour cette raison, périodiquement réédités. C’est le cas du livre de l’écrivain américain Frank Tashlin, Mais je suis un ours ! Publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1946, il a dû attendre 1975 pour être traduit à l’école des loisirs, qui le republie ces jours-ci au format poche.
C’est peu de dire que ce petit livre tombe à pic en ces temps de crise d’identité. Car il nous conte, de façon à la fois comique et inquiétante, l’angoisse identitaire d’un ours qui, au sortir de l’hibernation, se trouve brutalement propulsé au cœur d’une entreprise hautement industrielle et hiérarchisée.
À chaque étape de son embrigadement dans la civilisation humaine, notre ours a beau protester de sa nature d’ursidé, protestation qui donne son titre au livre, il lui est opposé à chaque fois qu’à l’évidence, il n’est pas un ours mais - je cite - « un imbécile qui a besoin de se raser et qui porte un manteau de fourrure ».
Le petit lecteur est d’emblée du côté de l’ours, puisque le dessin de Frank Tashlin démontre à l’évidence sa bonne foi. Il est bien un ours, et les imbéciles sont tous ceux qui, dans l’histoire, en doutent de plus en plus furieusement. Le coup de grâce lui sera donné par ses propres congénères ! C’est donc un ours bien déboussolé qui va retrouver sa forêt lorsque l’usine où il a perdu sa vie le licencie. Y retrouvera-t-il ses repères ?
Mais je suis un ours ! fait rire petits et grands. Lu à voix haute, son comique de répétition est des plus efficaces. Il y aussi un note de surréalisme ou de 'nonsense' dans ce récit qui plaira aux plus âgés, qui pourront y lire aussi une allégorie du conflit de longue durée entre les êtres humains et la nature.
Écouter cette chronique (extrait lu à 1:55) :
Mais je suis un ours ! – Frank Tashlin – traduit de l’anglais par Adolphe Chagot – Mouche de l’école des loisirs – 1975, 2019 (7,90 €) À partir de 7 ans.
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