Connaissez-vous Arnold Lobel ? Si vous avez eu des enfants ou des petits-enfants dans les années 70, peut-être leur avez-vous lu et relu plusieurs soirs d’affilée les Sept histoires de souris ? Et vous qui étiez ce petit garçon ou cette petite fille à la même époque, peut-être vous souvenez-vous de la jument Isabelle et du cochon Porculus ?
Arnold Lobel est un illustrateur américain que l’autrice Sophie Chérer présente ainsi : « Arnold Lobel vivait à Brooklyn avec sa femme Anita, dessinatrice comme lui, et leurs deux enfants. Arnold Lobel ressemblait au Papa Souris de Sept histoires de souris : lunettes carrées, une moustache noire et drue, un regard bon et malicieux, et surtout l'aptitude perpétuelle à dénicher en toute chose ce qu'elle contient de poétique et de drôle. Arnold Lobel ressemblait aussi au petit éléphant d' « Oncle éléphant ». Il avait été élevé par sa grand-mère très aimante. En vieillissant, elle s'était mise à perdre la tête. Devenu grand, Arnold avait souffert de ne plus pouvoir communiquer avec elle comme avant, et c'est alors qu'il avait écrit Oncle éléphant, pour immortaliser la relation idéale, rêvée, entre un adulte et un enfant. Arnold Lobel est mort à 54 ans, en 1987. » Fin de citation.
L’école des loisirs qui a conservé fidèlement les œuvres de Lobel à son catalogue, vient de rééditer Isabelle et Porculus, dans la traduction d’Adolphe Chagot, en deux beaux albums reliés, sous une couverture solide et rassurante.
Les deux histoires, celle de la jument Isabelle et celle du cochon Porculus, se déroulent chez un couple de paysans d’opérette, le fermier et sa femme. Si le fermier, avec sa salopette rouge, son chapeau de paille et ses souliers à lacets ressemble assez peu à l’image qu’on peut se faire d’un agriculteur, la femme du fermier est encore plus éloignée des stéréotypes du milieu, quand Lobel la campe dans son intérieur petit-bourgeois, buvant du thé et écoutant la radio, toujours prête à convoquer chez elle sa kyrielle de copines chic de la ville, en robes et chapeaux.
C’est d’ailleurs à ses idées excentriques qu’Isabelle et Porculus vont devoir leurs aventures. Quand la jument se met en tête de devenir une dame, la femme du fermier l’y encourage et l’emmène faire les magasins pour l’habiller de la tête aux pieds. Mais à chasser le naturel, il revient au galop, c’est le cas de le dire. Isabelle ne supportera pas longtemps l’accoutrement dont elle a été affublée.
Quant à Porculus, c’est encore à une initiative intempestive de la femme du fermier que l’on doit son histoire. Lorsque celle-ci décide de faire subir à la ferme une opération propreté intégrale, jusqu’à supprimer la boue dans laquelle s’ébat joyeusement le cochon, le pauvre Porculus va s’enfuir pour tenter de retrouver son élément naturel. Cette fugue compose le cœur du récit.
Dans les deux histoires, la narration obéit au même principe : une boucle rassurante qui, à l’issue de leur aventure, ramène les deux animaux à leur point de départ. Après avoir été un moment déstabilisés et pour ainsi dire dénaturés - la jument Isabelle par ses vêtements, le cochon Porculus par son expérience mouvementée de la ville - les deux animaux retrouvent leur vie d’avant. On n’est jamais si bien que chez papa-maman pourrait être la morale un tantinet conservatrice de ces deux contes. Mais ces albums, vifs et gais, offrent à tous les âges plusieurs niveaux de lecture et d’identification, tant pour les adultes qui le liront à voix haute que pour les jeunes enfants, filles ou garçons, qui se projetteront aisément dans Isabelle ou Porculus et leurs envies passagères du monde adulte et de ses promesses de liberté.
Pour écouter cette chronique (extrait d'Isabelle lu à 03:42) :
Isabelle – Arnold Lobel – l’école des loisirs – album (66 pages, 12 €)
Porculus – Arnold Lobel – l’école des loisirs – album (68 pages, 12 €)
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