Il fait anormalement chaud cet été-là à Viskow, petite ville du littoral écossais. C’est le début des vacances et Mairead Kereban est dans sa treizième année. Elle a toujours connu la toux persistante d’Olbac son père, Lisa sa mère a perdu ses cheveux et elle, elle a de sérieux acouphènes. D’ailleurs, on lui fait passer régulièrement des visites médicales. À part ça, tout est normal. Enfin presque. La plage est bien tentante par cette canicule exceptionnelle, pourtant la baignade est interdite, depuis toujours. Il y a une grande usine au bout de la digue, qui produisait de l’électricité, mais qui semble être à l’arrêt, désaffectée. Il n’y a plus qu’une boutique dans le village, qui s’est progressivement vidée de ses habitants.
Heureusement pour Mairead, il y a Trent, un garçon qui est arrivé récemment avec sa petite sœur et leur père, un monsieur très occupé qui travaille dans une multinationale et qui s’absente fréquemment. Les parents de Mairead ont été très étonnés de les voir s’installer dans ce bout du monde délaissé. Mairead et Trent ont un banc où ils ont pris l’habitude de se retrouver et de se poser des questions métaphysiques du style « tu crois à la vie après la mort ? » C’est doux et tranquille, et puis, pour passer l’été, s’ennuyer à deux, c’est mieux que tout seul.
Mais c’est d’autres questions plus concrètes posées par un certain Ravenale, enquêteur ou journaliste, on ne sait pas trop, qui vont intriguer Mairead et la réveiller de ses 12 années de sommeil. Il y a décidément un mystère dans ce village, autour de cette usine et de tous ces gens qui sont partis. Les parents de Mairead ont l’air de ne rien savoir, ou détournent la conversation, gênés. Alors Mairead va enquêter, avec l’aide de Trent. Et peut-être découvrira-t-elle qui est ce grand jeune homme pris en photo avec elle, quand elle avait 2 ans ?
Pour son premier roman, Laëtitia Casado, plante un décor subtilement oppressant qui déteint progressivement sur son héroïne. De quels graves événements ce décor a-t-il été le théâtre, c’est ce que Mairead va découvrir, au prix de quelques expéditions risquées, les premières à l’insu de ses parents. L’idée d’une vérité à trouver, la certitude croissante qu’on lui cache des choses depuis douze ans, pour la protéger malgré elle, vont l’aider à s’émanciper de la bulle familiale, avec la complicité de Trent. C’est au bout du récit que Mairead comprendra ce qui s’est passé à Viskow peu après sa naissance. Le lecteur ou la lectrice, eux, auront pris un peu d’avance sur la jeune fille, car ils auront découvert parallèlement, dans le journal d’un certain Archie, employé à la sécurité de l’usine, que celle-ci était en fait une centrale nucléaire.
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Pour écouter cette chronique (extrait lu à 02:41) :
La faille – Laëtitia Casado – 2020 – Le Muscadier (191 pages, 13,50 €)
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