Bayard jeunesse a eu la bonne idée de rééditer Jésus, comme un roman, de Marie-Aude Murail, en vente depuis mercredi [5 mai 2021] dans toutes les bonnes librairies. Et comme pour chaque réédition de ses livres, l’autrice avait demandé à relire son texte, publié pour la première fois en 1997 et traduit à l’époque en allemand, néerlandais, italien et espagnol. Et non seulement elle l’a relu, mais elle a voulu savoir comment un jeune d’aujourd’hui pouvait recevoir ce texte. C’est sa fille Constance, 26 ans, qui lui a servi de panel de consommateur et de public test. Celle-ci lui a fait deux remarques : « où sont les femmes ? » ; « il y a des mots qu’un jeune d’aujourd’hui ne connaît pas ».
C’est ainsi qu’il a été décidé d’ajouter au texte initial un chapitre qui mettrait des femmes en scène et un court glossaire. C’est la rencontre entre Jésus et les deux sœurs de Lazare, Marthe et Marie qui a été choisie par Constance. Et Marie-Aude a dit à sa fille : « Écris-le, toi ! ». Il y a donc quatre pages supplémentaires de ce que l’autrice invitée a appelé elle-même un morceau de fanfiction biblique.
La commande initiale que Bayard avait adressée à Marie-Aude Murail était de raconter l’histoire de Jésus à des jeunes qui n’en avaient jamais entendu parler. De rendre le texte des évangiles accessible à des 8-12 ans. Après avoir écrit une première version de son texte à la troisième personne, qui ne la satisfaisait pas, Marie-Aude a décidé de tout réécrire en adoptant le point de vue d’un disciple, Pierre en l’occurrence, qui est le narrateur. Pierre n’est pas présent partout dans les évangiles, il n’a qu’une vue partielle des événements. Cela permettait à l’autrice d’alléger le récit des évangiles et de donner plus de netteté à la narration qui est construite comme une analepse (ou flashback si on préfère l’anglais) : tout commence par la fin, le tombeau trouvé vide par des femmes et l’interrogation de Pierre et Jean qui vont vouloir vérifier immédiatement leurs dires. C’est ainsi que le premier chapitre est intitulé Disparu ! et le dernier Vivant. D’une émotion à l’autre.
Le choix de Pierre comme témoin direct, contemporain, fait que les évangiles de l'enfance, notamment, sont absents de son récit. Marie-Aude Murail avait cependant écrit quelques années auparavant l'histoire de Noël, parue dans J'aime Lire en décembre 1988 (n° 143) et rééditée par Bayard sous le titre L'or des mages, illustrée par Boiry.
Pour le lecteur ou la lectrice familière des évangiles, Jésus comme un roman fourmille de références aux textes originaux. Mais pour qui ne sait rien de cette histoire, elle se lit… comme un roman. Sur la quatrième de couverture, Marie-Aude a écrit une sorte d’envoi : « Tu peux croire en Dieu, ou pas. Ce que cet homme – ce Jésus – a dit, ce qu’il a vécu il y a plus de 2000 ans, n’est pas pour moi qu’une question de foi, mais aussi une question d’actualité. Réfléchir sur son message peut infléchir notre vie et bousculer notre façon d’aimer. »
Ajoutons que cette nouvelle édition augmentée, est présentée sous une épaisse et solide couverture cartonnée d’un rouge vif qui ne passera pas inaperçu.
Pour écouter cette critique (extrait lu à 02:57) :
Jésus comme un roman – Marie-Aude Murail – Bayard – 2021 (144 pages, 11,90 €)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire