J’avais croisé à plusieurs reprises les albums de Geoffroy de Pennart et même leur auteur au gré de salons de littérature jeunesse. Mais je ne m’étais jamais attardé sur son œuvre graphique. Et l’autre jour, alors que j’avais accompagné mon épouse et ma fille au Salon du Livre Jeunesse en Val de Drôme, je suis tombé en arrêt devant Cambouis, un album de 2017. Cet album satisfaisait a priori une de mes pulsions enfantines premières : l’amour des voitures, des petites d’abord, avec lesquelles j’ai longuement fait « vroum, vroum » et des grandes, surtout des belles et des chères, des voitures de course aussi, que je ne pourrai jamais me payer mais qui m’ont toujours fait rêver. Mon ami Dominique, regretté, dont j’aime à convoquer le souvenir à cet instant, m’avait un jour fait remarquer que je me retournais sur les voitures comme d’autres hommes sur les belles filles. Mais je ne suis pas là pour vous raconter ma life...
Cambouis donc, est un jeune garagiste qui a hérité son surnom de deux méchants demi-frères, deux affreux jojos dont les parents, guère plus recommandables, ont recueilli au berceau le petit Tom – car en vrai, il se prénomme Tom même si tout le monde l’a oublié – Tom, qui venait de passer du statut de bébé adoré à celui moins enviable d’orphelin abandonné. Ses parents adoptifs, Ross et Gladys ont aussi récupéré le garage Beltruf qui est passé à leur nom et dans lequel ils vont faire travailler très tôt le petit Tom. Par chance, celui-ci se prend de passion pour la mécanique et il s’avère très doué. Cette passion l’empêche de voir qu’il se fait exploiter par la famille Nonosse – c’est le nom de ces indignes qui l’ont réduit quasiment à l’état d’esclave domestique.
Heureusement, Tom alias Cambouis, a une autre passion que la mécanique : le chant. Il chante tout le jour dans son atelier. Alors quand la célèbre Lady Wawa, de passage dans sa ville, annonce qu’elle recrute des choristes, Cambouis - euh je voulais dire Tom - décide de se présenter. Evidemment, la famille Nonosse, les deux frères Nasty et Stiky en tête, vont n’avoir de cesse que de faire capoter l’audition de Tom, occasion pour notre auteur-illustrateur de multiplier les péripéties et de prolonger le suspense. Dois-je vous rassurer sur le dénouement ? C’est inutile.
Geoffroy de Pennart, amateur de contes, a peu ou prou calqué son récit sur celui de Cendrillon, transformant les filles en garçons et la fameuse pantoufle de verre en tatane de mec. Il y a même une marraine bonne fée, Madame Poildur, qui va s’intéresser au sort de Tom. Vous retrouverez sans peine la structure du conte ancien repris par Charles Perrault et les frères Grimm et revisité par le célèbre long-métrage d’animation de Disney sorti en 1950. Cambouis serait donc un Cendrillon pour garçons…
Ah, je ne vous ai pas dit : tous les personnages de Geoffroy de Pennart sont des animaux en costard ou en robe, et marchent debout sur leurs pattes arrière. L’album est vif et coloré et les pages de garde permettent, au début et à la fin, de détailler la distribution des rôles, comme dans le générique d’une superproduction. Les méchants ont des têtes de méchants et les gentils des têtes de gentils : on ne peut pas les confondre, c’est essentiel quand on lit un album à voix haute à des petits enfants.
Pour écouter cette chronique (extrait lu à 03:05) :
Cambouis – Geoffroy de Pennart – album de 5 à 7 ans - Kaléidoscope (37 pages, 13 €)
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