Un « freak », en anglais, ça peut être aussi bien un monstre humain qu’un jeune qui refuse les valeurs de la société bourgeoise. C’est du moins la définition qu’en donne Gaspard Flamant à la première page de son roman intitulé Les Magni-freaks, jeu de mots sur freak et magnifique qu’on doit à un de ses jeunes héros.
Ils sont trois, une fille Cheyenne et deux garçons Liam et Squadro. Quoique pour Squadro, on n’est pas sûr que ce soit un garçon complet de partout. Disons qu’il sent le poisson en permanence et qu’il a des branchies à la place des côtes. Bref qu’il est plutôt dans la catégorie monstre marin humanoïde. Le récit expose d’ailleurs rapidement de quel accouplement tragique il est issu. Ses deux amis ont l’air un peu plus normaux, mais il ne faut pas s’y fier. Cheyenne, qui tient du passe-muraille de Marcel Aymé, traverse les murs avec un facilité déconcertante. Quant à Liam, c’est bien simple : il vole comme un oiseau. Comme Superman, Batman, Spiderman, etc. tous ces superhéros nés outre-Atlantique.
On comprend dès le premier chapitre que nos trois compères viennent de dévaliser un fourgon blindé à Lyon, sur les bords du Rhône et sous la pluie. Ne sont-ils que de petits truands dotés de pouvoirs anormaux ? Eh bien il faut lire la suite du roman pour comprendre. D’abord comment chacun a hérité ses dons. Et ensuite à quel adversaire ils vont avoir à faire, dans la bonne ville de Montpellier, dont leur cité est la plaque tournante de tout un tas de trafics.
Au centre de cette plaque tournante et contrôlant tous ces trafics, il y a un boss, un parrain : Le Noble, qui tient tout d’une main de fer, je devrais dire plutôt de feu, mais vous le saurez bien assez tôt.
Pourquoi et comment notre trio d’Avengers à la française va s’attaquer à lui et au final, ont-ils une petite probabilité de le faire tomber ? Le Noble gouverne l’économie parallèle de ce quartier de Montpellier, à la tête d’une véritable armée de paumés et de petits malins à sa botte. La probabilité est donc faible. Pourtant, pourtant… je ne vous en dis pas plus.
Reprenant quelques codes des superhéros greffés sur la vie quotidienne d’une banlieue de province, Gaspard Flamant a écrit un roman policier et fantastique survitaminé. Les attributs hors normes de ses trois jeunes héros pimentent évidemment les scènes d’espionnage et d’affrontement, de discussions stratégique ou amicale. D’autant que leurs pouvoirs spéciaux sont encore un peu en rodage, ce qui nous vaut quelques gags qui évoquent l’univers du jeu vidéo. J’ajoute que ce livre de fiction ado a fait partie de la sélection des « Pépites » lors du salon de la presse et de la littérature jeunesse qui a fermé ses portes lundi dernier à Montreuil.
Pour écouter cette chronique (extrait lu à 02:31) :
Les Magni-freaks – Gaspard Flamant – Sarbacane – 2023 (308 pages, 17 €)
Merci beaucoup pour cette chronique et cette lecture ! Signé l'auteur du roman, qui n'arrive pas à se connecter pour prouver son authentique authenticité...
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