vendredi 15 mai 2020
La fille des manifs
Hasards de la programmation éditoriale, Actes Sud Junior et Syros publient chacun à quelques semaines d’intervalle un livre qui raconte l’irrésistible ascension d’une adolescente propulsée plus ou moins malgré elle à la tête d’un mouvement de lutte pour la survie de notre planète. Il y a trois semaines, je vous présentais Jean-Philippe Blondel campant Lou en Greta Thunberg du Grand Est dans Il est encore temps ! Aujourd’hui, c’est Isabelle Collombat qui, avec La fille des manifs, nous conte l’itinéraire de Barbara militant pour la sauvegarde du climat.
Lorsque commence le récit de Barbara, elle est déjà bien engagée dans les manifestations dont elle a pris la tête. Mais après l’euphorie des débuts, les difficultés vont s’accumuler sur ses épaules. La Présidente de la République – oui, la France a élu UNE présidente, preuve que nous sommes bien dans une fiction – tente de récupérer à son profit les images positives que diffusent sa jeunesse et l’énergie qu’elle incarne. Son directeur de cabinet essaie de forcer la main de Barbara en l’invitant à un déjeuner à l’Élysée. Le refus de la jeune fille, quelques propos "à l'arrache" répercutés par les médias, vont lui valoir des ennuis. Une députée de la majorité la descend avec mépris à la radio. D’obscures barbouzes essaient de la salir en déclenchant une campagne de harcèlements et de calomnies via les réseaux sociaux. Jusqu’où ira la violence des attaques ? Barbara l’ignore encore, mieux vaut pour elle.
Dans ce tourbillon médiatique, Barbara a heureusement le soutien de ses parents, de son petit frère Joris et d’amis fidèles engagés avec elle. Mais la grève des élèves tous les vendredis ne fait pas que des heureux dans le monde éducatif. Le proviseur, plutôt bienveillant, a des comptes à rendre au Rectorat. Surtout, Barbara est dans une section pro, hôtellerie et cuisine, elle doit bientôt faire un stage chez un grand chef et les pressions vont monter de toutes parts pour tenter de l’abattre, elle et le mouvement qui l'aspire autant qu'elle l'entraîne.
Isabelle Collombat a confié les rênes du récit à sa jeune héroïne. Et celle-ci ne peut s’empêcher de l’écrire comme un journal qu’elle destinerait à sa grand-mère, Annie, dont on va découvrir peu à peu le destin tragique. C’est une seconde histoire, parallèle, qui court aux côtés de Barbara, placée sous l’aura d’Annie, et du temps présent, le combat d’une femme blessée par la vie qui, revenue comme un ange du passé, va entretenir le dialogue de sa petite-fille avec elle-même, soutenir sa colère et lui interdire de renoncer à l’action et à la lutte. Et qui sait à l’amour ? Car Barbara peine à entrevoir au milieu de tout ce b… qu’elle est aussi tombée, chemin faisant, grave amoureuse.
La fille des manifs – Isabelle Collombat – Syros – 2020 (176 pages, 15,95 €)
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