vendredi 3 mars 2023

ALT chez La Martinière Jeunesse


Marie Bluteau, responsable éditoriale chez La Martinière Jeunesse, a fait le pari en ce début d’année 2023 de lancer une nouvelle collection de courts essais d’une trentaine de pages en direction des grands ados et des jeunes adultes, les 15-25 ans grosso modo. Au format d’une petite plaquette de 11 cm sur 17, vous les trouverez peut-être présentés à côté de la caisse de votre librairie, au tarif de 3,50 €.

Avec cette collection, dénommée « ALT » comme « altitude », l’éditrice se propose d’arracher  pendant quelques instants les mordu•es du portable à leurs réseaux sociaux,  non pas tant pour les confronter à l’avis tranché d’une spécialiste ou d’un expert que pour les faire entrer avec elle ou lui dans un mode de questionnement qui ouvre le champ des réponses plutôt qu’il ne le referme. 

Les trois premiers essais parus en janvier portent d’ailleurs un titre en forme de question : S’informer, à quoi bon ? Avorter, un droit en danger ? A-t-on encore le droit de changer d’avis ?

Le premier essai a été rédigé par Bruno Patino, l’actuel président d’ARTE,  la chaîne de télévision franco-allemande. L’auteur veut dissiper l’illusion que nous avons d’être surinformés et de tout savoir.  C’est justement ce qu’il nomme cette infobésité et la fatigue informationnelle qu’elle engendre qui rend indispensable de sortir d’une attitude purement passive et réceptive. Cette passivité pourrait faire de nous les jouets d’une « guerre des récits » qui fait rage sur les réseaux sociaux et menace l’information elle-même. S’informer est devenu un travail citoyen.

La deuxième plaquette aborde le délicat problème du droit des femmes confrontées à une grossesse non désirée et au risque, selon la formule de Me Gisèle Halimi employée en 1972 au procès de Bobigny, de « donner la vie par échec, par erreur, par oubli ». On sait qu’en France, l’interruption volontaire de grossesse a été dépénalisée par la loi Veil de 1975, soit dans une période relativement récente au regard de la longue histoire de cette question. Celle-ci est reprise, jusqu’à ses développements les plus récents - dans une optique résolument pro-choix, il faut le préciser ici - par le Dr Ghada Hatem, une médecin qui dirige la Maison des Femmes à Saint-Denis, où elle accueille les victimes de violences et les femmes confrontées à une grossesse non désirée.

Le troisième texte édité par La Martinière Jeunesse est dû à Blandine Rinkel, une écrivaine, journaliste et musicienne. Intitulé « A-t-on encore le droit de changer d’avis ? », écrit au « je », il se présente plus comme une confession personnelle que comme un essai à proprement parler. C’est la description d’un itinéraire où les choix qui lient alternent avec les choix qui libèrent. Mais il parlera à tous les jeunes pris dans les affres de ParcoursSup ou d’une orientation ultérieure, leur montrant qu’on peut décider de se couper les cheveux à 18 ans et de les laisser repousser quelques années plus tard. S’il se termine par un éloge de l’incertitude, c’est qu’au fond, Blandine Rinkel, qui préfère décidément lier plutôt que séparer, partage peut-être la position de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus à qui l’on demandait de choisir et qui avait répondu : « Je choisis tout ».

Pour écouter cette chronique :


S'informer, à quoi bon ? par Bruno Patino - La Martinière Jeunesse, collection ALT (29 pages, 3,50 €)

Avorter, un droit en danger ? par Ghada Hatem - La Martinière Jeunesse, collection ALT (30 pages, 3,50 €)

A-t-on encore le droit de changer d'avis ? par Blandine Rinkel - La Martinière Jeunesse, collection ALT (30 pages, 3,50 €)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Sans crier gare

  Aimez-vous les livres qui simultanément ou dans un ordre quelconque vous font peur, vous font pleurer et vous font rire tant et tant que v...