Nous sommes
en Amérique. George, sans « s », est en CM1. Elle a un frère aîné,
Scott, qui est en seconde au lycée. Et puis une maman. Le papa, lui, est parti.
Au fait, j’aurais pu commencer cette chronique autrement : Scott est en
seconde au lycée et il a un petit frère prénommé George, sans « s »,
qui est en CM1, papa a refait sa vie, maman est restée avec ses garçons. Là
vous m’auriez dit : ah, ce n’est pas la même histoire. Eh bien si, c’est
la même histoire. Et elle continue avec celle qui est la meilleure amie de
George, Kelly. Car George n’aime pas trop les garçons et ils lui rendent bien,
surtout Jeff et Rick, les deux durs de la classe de Mademoiselle Udell.
Peut-être commencez-vous à comprendre que George a un secret bien gardé, qui
pousse en lui mais qu’elle voudrait pouvoir partager désormais. Mais avec
qui ? Comment dire aux autres que vous n’êtes pas ce qu’ils croient depuis
toujours que vous êtes ? Et à quels autres ? Maman ? Elle
connaît George comme si elle l’avait fait. Scott ? Même si les deux frères
se retrouvent encore autour d’un écran, manettes en main, pour défier Mario,
quelque chose a changé entre eux. Alors Kelly ?
Oui, Kelly.
C’est une fille, une vraie, et donc la seule à pouvoir comprendre le problème
de son ami George. Mais il y a des choses qu’on ne peut pas avouer comme ça,
tellement elles sembleraient incroyables. Les gens veulent des preuves, même
votre meilleure amie, et certaines évidences sont parfois contre vous. Pour
l’heure, George est la seule à savoir qui elle est vraiment. Elle,
vraiment ? Justement, Mademoiselle Udell s’apprête à distribuer les rôles
d’une pièce de théâtre entre les garçons et les filles de sa classe. Or jouer
un rôle, c’est faire semblant, et tout le monde peut faire semblant d’être
n’importe qui, non ? Pourquoi George n’en profiterait pas pour faire
semblant d’être une fille et suggérer aux autres ce qui est devenu son évidence
intérieure ? Peut-être que les choses, après, seraient plus simples…
George est
le roman d’une lente démonstration, peut-être la plus difficile qui soit pour
un être humain, quand la nature vous a assigné un sexe qui n’est pas le vôtre,
celui que vous éprouvez dans ce corps vécu que les phénoménologues nomment la
chair. George est donc le premier roman d’un auteur américain, transgenre comme
on dit désormais, Alex Gino. Et c’est un tour de force tranquille d’avoir su
trouver les mots pour frayer à George un passage de l’intime à la lumière et
d’avoir fait ce roman témoignage, grave et léger, que tout le monde peut lire
et que grands et petits pourront partager, à l’écoute d’un mystère inouï.
George - Alex Gino - l'école des loisirs (176 pages, 14,50 €)
En podcast sur RCF Loiret (écoutez un extrait du livre à 2:41) :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire